Suspension de deux quotidiens en Algérie (13 septembre 2013)

Alors que le président Bouteflika, à quelques mois de l’élection présidentielle, vient de procéder à un remaniement ministériel, deux journaux viennent de faire l’objet d’une suspension, apprend-on à la lecture du quotidien « El Watan ».

Officiellement, indique ce dernier, « Mon journal » et « Djaridati » ne sont plus imprimés en raison de factures impayées. La dette s’élève à 4 milliards de centimes de dinars. Or, rapporte « El Watan », un échéancier a été signé entre la société éditrice Aboud Info et l’imprimeur, la Société d’impression algérienne (SIA), entreprise d’Etat.

Lors d’une conférence de presse, le directeur général par intérim des deux journaux, Sami Si Youcef a affirmé que, selon la direction de l’imprimerie, « les ordres viennent d’en haut ». Le directeur général des deux titres, Abou Hichem, est poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » (passible de la peine de mort). Un journaliste de la radio, à Tébessa a par ailleurs été arrêté. Ce dernier aurait aidé Abou Hichem à quitter l’Algérie par la frontière tunisienne.

Selon « El Watan », cette suspension et ces poursuites s’expliquent par des « enquêtes sur la corruption impliquant des responsables du pays » et, surtout, par des articles sur la santé du président Bouteflika et de son frère conseiller Saïd.

Abou Hichem, actuellement en Suisse, a saisi la Commission des Droits de l’Homme (à l’ONU) qui siège actuellement à Genève et dont il est membre. Dans les articles incriminés, il aurait notamment cité l’article 88 de la constitution algérienne « qui appelle à la destitution du chef de l’Etat en cas d’empêchement, d’incapacité physique due à une maladie durable. »

Ex-commandant du DRS (la Sécurité algérienne), Abou Hichem avait bénéficié de l’asile politique en France en 1997. Il est rentré en Algérie en 2011 après la charte de réconciliation nationale voulue par Abdelaziz Bouteflika. Propriétaire des journaux « Mon Journal » et « Djaridati » il affirme une ligne éditoriale contre le pouvoir et contre Saïd Bouteflika. En 2002, il avait publié un livre intitulé « La mafia des généraux ».

Ph A


 

 

 

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