Il peut y avoir deux lectures du roman de Virginie Carton.
La première, la meilleure : se laisser porter par les histoires, les rencontres, les amours et les doutes de ces personnages qui oscillent entre une vie qu’ils aimeraient construire et les rêves adolescents qui tenaillent encore. Mais rien ne pèse... Juste un refrain qui trotte dans la tête.
La seconde lecture consisterait à reprendre la bande originale de fin, à rembobiner les pages et à collectionner les multiples bouts de chanson, donc de vie, qui émaillent et charpentent le roman.
Déjà, le lecteur croise en chair et en os Julien Clerc, Jean-Pierre François et Francis Lalanne.
Ensuite, dans l’écriture, tout est imbriqué avec brio... comme dans une chanson de Delerm où Vincent tomberait amoureux de Marine, avant de déchanter sur ses collants verts !
On connaît la chanson... En réalité, et c’est la réussite de la romancière, le lecteur entre dans l’histoire et soudain, cela fait tilt... Un air qui revient.
Virginie Carton n’échappe pas tout à fait à ses pêchés mignons quand, entre parenthèses, elle appuie le clin d’œil. L’ensemble, pourtant, se lit avec plaisir.
A plusieurs générations d’écart, il y aurait même un air de parenté avec l’Ecume des jours de Boris Vian. Sauf qu’ici les personnages ne se nomment pas Colin et Chloé mais Vincent et Marie. Ils ne citent pas Jean-Sol Partre mais Télérama. Ils ne dansent pas sur un air de jazz mais poussent la chanson sur un air de Daho, de Voulzy ou de Souchon.
Hervé LEROY
Née en 1972 à Lille, Virginie Carton est journaliste à La Voix du Nord... Où elle a signé de nombreux papiers sur la chanson française.
Des amours dérisoires. Virginie Carton. Grasset. 14,50 euros.