Un débat animé sur l’économie au Club de la presse

Six candidats, la plupart têtes de liste, aux élections régionales participaient ce mardi 9 mars au Club de la presse à un débat sur l’économie. Actualité oblige, la fermeture de la raffinerie de Dunkerque a largement été évoquée.

Photos Gérard Rouy

Olivier Henno, tête de la liste du Modem, Jean-François Caron, Europe Écologie, Michel-François Delannoy, représentant Daniel Percheron pour la liste du PS-PRG-MGC, Jean-Pierre Bataille, représentant Valérie Létard pour la liste « Ma vie, ma région, mon avenir » (Majorité présidentielle UMP-Nouveau Centre-chasseurs-MPF), Marine Le Pen (Front national) et Alain Bocquet , qui conduit la liste « L’Humain d’abord ! » ( Front de gauche) étaient au Club de la presse ce mardi 9 mars pour participer à un débat sur l’économie régionale, animé par Olivier Ducuing, correspondant du quotidien économique « Les Échos » ;

Olivier Henno, tête de la liste du Modem, Alain Bocquet , qui conduit la liste « L’Humain d’abord ! » et Michel-François Delannoy, représentant Daniel Percheron pour la liste du PS-PRG-MGC

La premier sujet abordé par le débat est emblématique des entreprises qui licencient malgré des bénéfices : la fermeture de la raffinerie Total à Dunkerque. Pour Olivier Henno, «  la Région peut beaucoup mais ne peut pas tout. » La tête de liste du modem dans la région ressent «  beaucoup de tristesse pour les familles  » mais aussi « un sentiment de colère », sentiment qui a poussé ce parti à appeler au boycott de Total. Jean-Pierre Bataille, représentant l’UMP, affirme que l’État met la pression sur la société pétrolière et montre sa volonté de ne pas se laisser faire. Jean-François Caron estime que Total aurait dû agir il y a des années et reconvertir progressivement ses salariés à des énergies de substitution car nous allons vers une société où le pétrole sera rare. «  
Tant que des gens à la bourse, en appuyant sur un bouton, font du mal à un territoire pour plus de bénéfices 
 », poursuit-il, « le système sera inacceptable  ». Le socialiste et le communiste jugent aussi cette fermeture insupportable : «  Les salariés ne doivent pas être une variable d’ajustement en ces temps de mutations ! Nous avons déjà vécu cela avec le textile, nous sommes en train de le vivre avec la vente par correspondance...  », affirme Michel-François Delannoy. Pour Alain Bocquet, « Heureusement que les salariés se défendent ! ».

Selon le représentant de l’UMP, «  Le PS et ses amis sont responsables de la situation puisqu’ils sont au pouvoir depuis toujours dans la région. Et ils accusent l’État  » Quant à Marine Le Pen, elle rejette la faute sur les partis qui ont voté oui au Traité de Lisbonne. «  Vous pleurez aujourd’hui des larmes de crocodiles  », leur a lancé la tête de liste du FN. Selon elle, ils ont voté pour les délocalisations et les licenciements.

Les solutions proposées

Le modem souhaite que chaque entreprise, quelle que soit sa taille, puisse embaucher deux salariés sans charge. Il estime aussi qu’il faut être plus performant dans l’université et propose de fusionner les facultés publiques avec la Catho pour créer un grand pôle de compétitivité. Sur ce point, tous les partis semblent s’accorder. Le communiste Alain Bocquet s’insurge contre les acteurs du CAC40 qui décident de ces délocalisations et contre l’État «  qui vote beaucoup de lois favorisant les grands groupes : ils ne paient que 8% d’impôts alors que les TPE-PME en paient 30% ». Sa solution : nationaliser les banques et les mettre sous le contrôle des citoyens et des usagers.

Marine Le Pen (Tête de liste Front national), Jean-François Caron (Tête de liste Europe Écologie), et Jean-Pierre Bataille, représentant Vallérie Létard (Majorité présidentielle)

Europe Écologie pense que les questions environnementales qui se posent peuvent être l’occasion de remettre l’économie au service de l’homme. « De nos jours », explique Jean-François Caron, «  avec la précarité, la souffrance au travail qui engendre des suicides, le rapport au travail n’est pas durable. Le rapport à l’énergie n’est pas durable non plus. Consommer des yaourts, bourrés de pesticides, qui ont voyagé 6000 km, n’est pas rentable.  » Pour ce parti, il faut en priorité rénover le parc d’habitation, ce qui créerait des emplois non délocalisables, affecterait du pouvoir d’achat aux citoyens par le biais des économies de chauffage et aurait un impact écologique. Jean-Pierre Bataille de l’UMP, estime nécessaire avant tout de changer l’image de la région car les diplômés du Nord – Pas de Calais partent après leurs études travailler ailleurs.

Michel-François Delannoy a tenu à rappeler le bilan de Daniel Percheron à la tête de la Région : «  83% de l’aide régionale aux entreprises va en direction des TPE-PME qui sont les premières victimes de la crise financière. Si le centre européen du textile innovant sera demain l’un des principaux inventeurs de textiles intelligents, qui servent par exemple pour l’aérospatial, c’est parce que la région et les collectivités locales ont décidé de prendre des risques. Sur ce projet, nous avons eu très peu d’aide de l’État »

Quant à Marine Le Pen, elle tape sur les autres partis : «  Avec les Verts, on est entre l’âge de pierre et l’age de fer. Il faut arrêter de casser des cailloux pour faire des flèches sinon, il n’y aura plus de cailloux. Ils ont le même raisonnement avec le pétrole. Le PC veut nationaliser mais on ne peut pas tout nationaliser. » Quand à l’UMP et le PS, elle «  les renvoie dos à dos : avec son abstention positive, Valérie Létard a laissé passer le budget. Si on est contre une politique, on vote contre.  » Les seules propositions qu’elle annonce sont de réorienter la recherche sur la maîtrise de l’hydrogène comme nouvelle énergie de masse et de supprimer les actions de solidarité internationales. «  Votre seule stratégie », lui a répondu Jean-François Caron, « est de caricaturer votre adversaire  ».

SC

Voir le reportage sur ce débat diffusé par France3

Olivier Ducuing, correspondant du quotidien économique « Les Échos » , a animé le débat

Ce mardi 9 mars au matin, La Voix du Nord. consacre sa Une à la mort annoncée, hier par Total, du raffinage à Dunkerque. Voilà du grain à moudre pour les candidats aux régionales. Précisément, le site de La Voix propose deux chats assortis de commentaires et interviews : l’un avec Olivier Henno (Modem), l’autre avec Marine Le Pen (mais il faudra attendre cet après-midi, à 15 heures).

La tête de liste du Modem revient évidemment sur cette mauvaise nouvelle : « la fermeture de la raffinerie des Flandres par Total, c’est inacceptable moralement. Parce qu’être centriste, c’est aussi avoir un comportement moral.  ». Juste avant, il décrit ainsi le Modem : c’est «  être humaniste, modéré, mais en même temps, ce n’est pas faire de l’eau tiède quand il se passe des choses graves… ».
Olivier Henno s’exprime également à l’occasion d’un portrait de sa rivale centriste, Valérie Létard : « Je n’arrive pas à croire qu’elle est en accord avec ses convictions en suivant Nicolas Sarkozy », lâche-t-il. Dans ce portrait, on apprend que la candidate UMP « plaide l’équité des territoires contre le clientélisme et le saupoudrage ». La Voix rappelle aussi ce que, selon elle, le public retiendra le plus de Mme Létard : Voyager dans la région pour un euro.. «  Nous proposerons le voyage à un euro tout de suite pour les moins de 25 ans et avant la fin du mandat en 2014 pour tout le monde, le tarif unique permettra d’établir une égalité de traitement entre tous les territoires », résume la secrétaire d’État à l’Écologie.

Ces derniers jours, la presse consacre naturellement beaucoup d’espace au scrutin de dimanche prochain. La Croix du Nord datée du 5 mars titre sur les «  ambitions et valeurs des dix têtes de liste  » La rédaction a rencontré chacune des dix têtes de liste et nous offre autant d’articles et de biographies. Très pédagogique. Très utile.

«  La barre à gauche avec l’humain d’abord !  » clame Liberté Hebdo dans son édition de vendredi. Là aussi : un dossier de plusieurs pages. Il est « centré » (si nous pouvons nous permettre l’expression) sur la liste conduite par Alain Bocquet. Une liste, écrit Bruno Cadez, qui «  affiche l’ambition de s’appuyer sur la « force des quatre millions d’habitants du Nord – Pas de Calais  ». Liberté Hebdo s’arrête sur l’engagement des hommes et des femmes qui ont choisi le Front de gauche.

La presse nationale n’est pas en reste. Ainsi, Le Figaro de ce week-end s’intéresse-t-il de près à l’élection dans le Nord – Pas de Calais et titre : « face à un PS fort et un FN dynamique, Létard cherche sa voix ». Le Monde du 6 mars, sous la plume d’Abel Mestre, a suivi la campagne –« très sociale » écrit-il- de Marine Le Pen. Il a interrogé la candidate frontiste sur l’économie. « Jouant la partition des petits contre les grands, elle cible la grande distribution. » « Je vais changer les choses, prévient-elle. On va arrêter de donner de l’argent à Auchan pour aider plutôt les petits commerçants  ». Vaste sujet.

Philippe Allienne


 

 

 

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