Un été plein d’interrogations pour la presse : dans le Nord - Pas de Calais - La Lettre du Club 63 - septembre 2004

Entrée en fonction de Serge Dassault à la Socpresse, Jean-Louis Prévost évincé de La Voix du Nord, ouverture de la clause de cession pour les journalistes de La Voix du Nord et de Nord Eclair et quelques anniversaires... Retour sur les principaux épisodes des « feuilletons de l’été ».

On a beaucoup parlé de Serge Dassault cet été, et pas seulement dans ses journaux. Son installation à la tête de la Socpresse n’est pas passée inaperçue. Élu le 8 juillet président du conseil d’administration de la Socpresse (70 titres, dont Le Figaro, La Voix du Nord et Nord Eclair), il a adressé un « message à tous les salariés de la Socpresse ». « Comme celui de chaque entreprise, le destin des journaux est régi par quelques formules simples. Recettes moins dépenses = profit. Dépenses moins recettes = déficit », écrit-il notamment, réservant un petit mot à « nos amis les annonceurs ».

Jean-Louis Prévost évincé

Des réorganisations d’état-major ont également eu lieu et une première tête est tombée. Le 22 juillet, le conseil d’administration de La Voix du Nord nommait Michel Nozière (par ailleurs président du holding VNI) président du conseil d’administration et André Soleau (par ailleurs président de Nord Eclair et du gratuit Lille Plus) directeur général. Exit Jean-Louis Prévost et son poste de PDG. Le lendemain, pas une ligne dans le quotidien lillois, qui annonce le changement en « une », sur les 38 années passées par son ancien patron au sein du titre...

Le départ de Jean-Louis Prévost n’est pas une surprise en soi. Le SNJ faisait ainsi remarquer, dans un communiqué, que « depuis deux ans, la réalité du pouvoir » n’était plus dans ses mains. C’est la rapidité et la méthode qui étonnent. Jean-Louis Prévost perd également la présidence du SPQR (Syndicat de la presse quotidienne régionale), au profit de Jean-Pierre Caillard, le patron du quotidien de Clermont-Ferrand, La Montagne.

Ludovic FINEZ

Une nouvelle ère à La Voix

L’éviction de Jean-Louis Prévost marque la fin d’une longue ère à La Voix du Nord, qui constituait une sorte de prolongation de l’après-guerre. Jean-Louis Prévost, alors journaliste, avait succédé à près de 60 ans à René Decock, au poste de PDG. Une nomination en accord avec l’ancien PDG et son entourage. À la même époque, Robert Décout, rédacteur en chef de 1953 à 1980, était en conflit avec René Decock, du Mouvement de Résistance Voix du Nord. Ce dernier avait lui-même succédé à Jules Houcke, à la faveur de divergences au sein du conseil de gérance. « J’estimais que l’avenir du journal était compromis par absence de direction et de prévision. Il n’y eut pas de compromis », précise Robert Décout.

De son côté, Michel Nozière, docteur en informatique, ancien PDG de Nord Eclair, est le fils de l’ancien directeur technique du journal. Il a ensuite fait sa carrière dans le groupe Hersant et à la Socpresse, ainsi qu’à Ouest-France. Il a notamment dirigé Les Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Progrès de Lyon.

À noter que le directeur de la publication est désormais André Soleau, le nouveau directeur général. Ce qui démontre l’importance de celui qui fut rédacteur en chef de 1985 à 1991, après avoir occupé ces mêmes fonctions à La Voix des Sports. Il a commencé sa carrière au service publicité, après des études d’histoire et de géographie. Il est également président de Nord Eclair.

De nouveaux « clausistes »

Autre dossier du moment, à La Voix comme à Nord Eclair : les départs en clause de cession. Le rachat de la Socpresse par Serge Dassault a, en effet, automatiquement ouvert cette clause pour les 2 300 journalistes du groupe. L’échéance pour les candidats a été fixée à fin novembre (La jurisprudence retient cependant une période de deux ans pour faire valoir ce droit. [NdlR]). On évoque 20 à 30 départs à La Voix et une dizaine à Nord-Eclair.

Les deux premières clauses ouvertes à La Voix, s’étaient déjà soldées par le départ de 125 journalistes (sur 272 en exercice actuellement). Par ailleurs, comme pour les autres titres du groupe, un audit va être réalisé. Des bruits insistants au sein des deux rédactions font craindre une nouvelle concentration. Nord Eclair pourrait ainsi conserver ses éditions de Roubaix et Tourcoing mais confier ses pages lilloises et lensoises à son « concurrent ». Toutefois, rien n’est encore décidé.

Claude VINCENT

Le mois des anniversaires

Comme partout en France, plusieurs journaux de la région fêtent leurs 60 ans. À cette occasion, Liberté Hebdo a édité un album de 66 pages (vendu 5 €), intitulé « 60 ans de Liberté », qui retrace son histoire, de la création en 1944 en passant par les mouvements sociaux, que le journal communiste se fait un honneur de relayer. Liberté revient également sur le passage du quotidien à l’hebdomadaire, en 1992, après un dépôt de bilan. C’est aussi l’occasion de rappeler les déménagements successifs de la rédaction et de l’imprimerie : de l’ancien immeuble de la Grand Place de Lille, partagé avec les confrères de La Voix du Nord, à la rue de Lannoy (à Lille-Fives), pour s’installer finalement rue Inkermann. Aujourd’hui, Liberté Hebdo est imprimé sur les rotatives de Nord Eclair, à Roubaix.

De son côté, La Voix du Nord édite un album avec 100 « unes » historiques (vendu 10 €), choisies dans les archives du quotidien, sous le titre « 60 ans d’actualité ». Bien entendu, celle du numéro 66, le premier édité au grand jour, y figure, avec une photo de tanks anglais sur la Grand Place de Lille. La mort du général De Gaulle, le premier homme sur la Lune, Pierre Mauroy premier ministre ou, tout récemment, Lille 2004 font partie des sujets retenus et commentés par un court texte.

Nord Eclair a publié un « 4 pages » dans son édition du 4 septembre, malheureusement pas disponible « après-coup ». On y retrouve notamment une longue interview de Jules Clauwaert, qui fut longtemps rédacteur en chef puis directeur général du journal.

Lire également : « Page d’histoire : la presse de la Libération, entre ombre et lumière » par Claude Vincent.

Avec quelques bougies de moins, Pays du Nord, dans son numéro de septembre-octobre, revient en quelques pages sur les dix années d’existence du magazine, créé à l’origine par les éditions Freeway.

Ludovic FINEZ


 

 

 

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