« Voleurs d’enfants » : un récit douloureux

Sujet difficile évoqué lors du Lundi du Club du 8 octobre : Henri Darbes est venu témoigner de deux années au cours desquelles lui et sa femme ont été suspectés de mauvais traitements sur leurs enfants. Au bout du compte, un non-lieu mais aucune excuse. Henri Darbes en a tiré un récit « Voleurs d’enfants », paru aux éditions du Geai Bleu (1).

photos : Gérard Rouy

Cela commence comme une belle histoire, celle d’une famille nombreuse – quatre enfants : trois filles et un garçon – qui emménage dans « une maison sur trois étages avec jardin », après avoir vécu « dans un appartement minable, situé dans une tour de dix étages de la banlieue Grand-Synthoise ». C’est après que les choses se gâtent. Et cette suite, Henri Darbes – le papa de la famille nombreuse en question –l’a racontée lundi 8 octobre, dans le cadre des Lundis du Club de la presse.

Henri Darbes, l’auteur du livre.

Un matin, alors que le départ à l’école des trois filles s’organise un peu en catastrophe, ces dernières ne mettent pas de culotte en s’habillant. Or, dans leur école, c’est jour de piscine. La maîtresse remarquera cette absence de sous-vêtement. « Il y a eu un signalement auprès des services sociaux et cela a été deux ans d’emmerdements », lâche Henri Darbes.

« Les assistantes sociales vous décortiquent »

De ces « deux ans d’emmerdements » Henri Darbes a tiré un récit, titré « Voleurs d’enfants », publié aux éditions du Geai Bleu. Il y décrit « une machine à broyer » qui se met en marche : « Les assistantes sociales viennent chez vous, vous décortiquent, après c’est le procureur, le juge pour enfants, la police… » Car de l’incident de la piscine, l’administration se demandera s’il ne cache pas des maltraitances, sous une forme ou une autre, un délaissement des enfants… Tout cela doublé d’une relation tendue avec l’institutrice des enfants : « Selon elle, je tapais mes enfants, ma femme était à la limite de la Gervaise des temps modernes… Cela a été du subjectif pendant deux ans. »

« On tombait en plein dans l’affaire Outreau »

« On tombait en plein dans l’affaire Outreau », précise Henri Darbes, qui estime qu’« il est temps en France de mettre un stop […] à la politique de l’enfant roi ». « On donne à mon sens trop d’importance à la parole de l’enfant. »

Barbara Canler, représentante de l’association SOS Papa pour le Nord.

Le dossier de la famille Darbes s’est soldé par un non-lieu et les quatre enfants n’ont jamais été retirés à la famille. L’auteur confie néanmoins qu’il a « vécu dans la hantise [d’un placement] pendant deux ans ». Revenant sur le titre de son récit, il explique avoir voulu décrire « une chaîne de voleurs d’enfants ». Si l’histoire se termine plutôt bien, elle a évidemment laissé des traces : « Ça a foutu le bordel dans ma famille, c’est vraiment le mot ».
« Je ne suis pas contre le système du signalement, à condition qu’il reste objectif », insiste-t-il : « Il faudrait être abruti pour ne pas être pour la protection de l’enfant ». En revanche, il ne comprend pas pourquoi la maîtresse n’a pas été sanctionnée pour des accusations débouchant sur un non-lieu. Selon ses informations, elle a simplement été mutée dans une autre région.

Il garde également une rancune tenace contre les experts qui, selon l’expression de l’un d’entre eux lors du procès d’Outreau ont mené « des expertises de femme de ménage » par faute de moyens financiers suffisants. Henri Darbes explique ainsi qu’une fois les accusations abandonnées, un expert s’est demandé si une de ses filles n’était pas, au contraire, sur-protégée…
Ces événements ont au moins « permis » à l’auteur de se rapprocher de SOS Papa, représenté lors de ce Lundi du Club par Barbara Canler, responsable dans le Nord de l’association. SOS Papa a été créé il y a 17 ans, à l’initiative d’un père rencontrant des problèmes pour maintenir le lien avec sa fille, après une séparation conjugale. Il existe en France 38 délégations, animées par « des militants très actifs », note Barbara Canler. Des « grands-parents et des belles-mères rencontrant les mêmes problèmes » ont également rejoint l’association. « Tous les jours, nous nous battons pour la co-parentalité », résume-t-elle. « Allez sur le site de SOS Papa (2)., vous verrez des milliers de cas bien pires que le mien », assure de son côté Henri Darbes.

L. F.

(1). Le Geai Bleu, installé à Lille, est adhérent de l’Association des éditeurs du Nord et du Pas-de-Calais, qui viendra présenter quelques nouveautés littéraires lors du Lundi du Club du 15 octobre.
Site internet du Geai Bleu : http://legeaibleu.editions.free.fr/.

(2). Site internet de SOS Papa : www.sospapa.net. Une rubrique liste les délégations locales.


 

 

 

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