"World Trade Cimeterre", le troisième polar de Lakdhar Belaïd dans le Nord - 3 avril 2006

Le journaliste et écrivain Lakhdar Belaïd vient de publier son troisième roman policier. "World Trade Cimeterre" met en scène un journaliste localier et un policier du Nord, aux prises avec le fondamentalisme islamiste. L’auteur, originaire du Nord-Pas de Calais, est venu présenter son livre au Club, lundi 3 avril.
Photos : Gérard Rouy

« J’aurais adoré être un flic ! » La vie en a décidé autrement. Lakhdar Belaïd touche de près le monde de la police, mais pas sous l’uniforme. « Mon père n’aurait pas voulu ». Journaliste et écrivain, il vient de publier son troisième polar, "World Trade Cimeterre" (1).

Comme ses deux précédents romans policiers, "Takfir sentinelle" et "Sérail Killers" (éditions Galimard), l’action du dernier livre de Lakhdar Belaïd prend place dans le Nord-Pas de Calais, dont l’auteur est originaire. Un journaliste et un policier, tous deux d’origine maghrébine, enquêtent dans le nord de la France, dans les milieux liés au fondamenalisme islamiste.

« Lille revu et corrigé »

Né à Roubaix il y a 41 ans, Lakhdar Belaïd affirme que ses histoires sont «  inspirées du réel. (…) Les barbus déguisés en Ben Laden, je les ai vus ! » « On connaît le Marseille mortellement chaleureux de Jean-Claude Izzo, le Lyon tortueux de René Béletto, le Paris chamarré de Daniel Pennac, et après ceux de Michel Quint ou de Noël Simsolo, il faudra compter avec le Lille revu et corrigé par Lakhdar Belaïd. Autant prévenir les amateurs de certitudes, ce n’est pas celui des cartes postales. On y parle davantage d’effroi que de beffroi. Finis les corons, abattus les chevalements, rabotés les terrils, éteinte la lumière vacillante juchée sur le casque du galibot. Plus besoin de descendre dans les entrailles de la terre pour atteindre l’enfer. Et si le Nord reste un terrain miné, c’est que le TNT, le Semtex, la pentrite, la dynamite, ont remplacé le grisou. On ne se tue plus au travail, mais au chômage, et les explosions se font en surface  », écrit Didier Daeninckx dans sa préface.

Fils d’un Algérien arrivé en France, à Carvin, avant la fin de la guerre d’Algérie, Lakhdar Belaïd, dans son dernier roman, s’interroge sur les raisons qui permettent de «  fabriquer un terroriste dans notre société, censée être pleine de luxe et d’insouciance ». Le gang de Roubaix, démantelé après l’intervention spectaculaire de la police rue Carette, à Roubaix, en 1996, avait mis en lumière le rôle de jeunes hommes apparemment sans histoire. « Cela ne ressemblait pas tellement à ce qu’on a connu pendant la guerre d’Algérie », qui avait provoqué d’importants conflits entre partisans du FLN et de Messali Hadj dans la région, note Lakhdar Belaïd. « Depuis que le gang est démantelé, (…) on connaît des gens qui connaissent des gens qui en ont fait partie… » Plus récemment, en juillet 2005, quatre jeunes Britanniques déclenchaient une bombe à Londres. «  Des jeunes ont décidé de se faire sauter alors qu’on ne s’y attendait pas  », observe encore Lakhdar Belaïd. «  Des gens ordinaires deviennent pas si ordinaires que cela  ».

Pour mener l’enquête de son roman, l’ancien stagiaire de Nord Eclair invente un localier, «  un guide facile ; on voit la ville à travers ses yeux  », explique l’auteur. «  J’essaie de donner une idée naïve du journaliste, pour sortir du journaliste cynique », ajoute-t-il. «  Je préfère raconter les histoires des gens (…), qu’il s’agisse du CPE ou d’un fait-divers au fin fond de la Beauce ». Le prochain livre de Lakhdar Belaïd, déjà en préparation, ne sera pas un roman. Mais la grande histoire se mêlera aussi aussi aux petites histoires.

Mathieu HEBERT

(1) Lakhdar Belaïd, World Trade Cimeterre, Le Cherche-Midi, 2006, 192 p., 15 €
(Préface de Didier Daeninckx)


 

 

 

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