Y a-t-il quelqu’un derrière Rossel ? - La Lettre du Club n°69 - septembre 2005

Un mystère subsiste dans le dossier de la revente de La Voix du Nord au groupe Rossel. Première question : Rossel a-t-il les moyens financiers de cette super-absorption ? L’ensemble du groupe, également présent dans la télé et la radio, réalise un tirage de 220 000 exemplaires (avec les titres de province de Sud Presse) contre un peu plus de 400 000 pour le groupe Voix du Nord. Leurs chiffres d’affaires sont voisins. Le « paquet cadeau » pèse son poids. Non seulement Dassault lui vend La Voix du Nord, Nord-Eclair et Nord Littoral ainsi que les autres filiales, mais Rossel rachète aussi les 40% que Robert Hersant avait conquis jadis dans son capital par une OPA inamicale. Un beau pactole assurément, dont on ignore le montant.

« L’appui d’un groupe industriel »

Rossel, par la voix de son administrateur délégué, Bernard Marchant, précise que l’opération se réalisera sur les fonds propres du groupe. Mais, surprise, le jour même on lit dans les colonnes du Soir (édité par Rossel…) qu’« il n’est pas exclu que Rossel reçoive l’appui d’un groupe industriel français pour boucler le tour de table financier ». De qui s’agit-il ? L’affaire se fera-t-elle ? On ne sait pas.
Où Rossel trouvera-t-il l’argent ? Le Soir évoque des « cessions d’importants actifs immobiliers dans le centre de Bruxelles ». On sait que certains groupes de presse ont fait le choix de quitter leurs sièges historiques de centre-ville pour des locaux à l’extérieur. Selon le livre de Frédéric Lépinay, « La Voix du Nord histoire secrète » (lire page 8), la revente du siège de La Voix et le déménagement de la rédaction près de l’imprimerie (La Pilaterie, à Mons-en-Baroeul) ont été envisagés par le passé. Mais pour le moment, aucun élément ne vient accréditer de tels projets pour Le Soir ou La Voix.
Le reste du rachat serait financé par des emprunts auprès des banques. Par ailleurs, Rossel boucle un investissement de 60 millions d’euros dans une imprimerie à Nivelles et La Voix du Nord envisage d’acheter deux nouvelles rotatives, sans que la décision soit encore prise, soit 25 à 30 millions d’euros.
On ne peut finir sans rappeler un premier « coup », après le premier rachat de La Voix du Nord par le groupe belge, en 1998. « Constitution d’un grand groupe de presse européen », titrait alors La Voix du Nord. La Chambre de Commerce franco-belge annonçait même une conférence sur ce thème qui fut précipitamment annulée. Rossel n’était que le faux nez de la Socpresse !
Dans ces nouvelles péripéties, Dassault ne semble avoir joué qu’un rôle de « porteur », le temps de redistribuer les cartes de la PQR. Le pôle Ouest de la Socpresse a été vendu à Ouest-France. Le pôle Rhône-Alpes est sur le point de changer de mains. Le pôle Nord trouvera-t-il enfin la stabilité ? On peut l’espérer, mais il faudra attendre un peu pour en être certain.

Claude VINCENT


 

 

 

La Vie du Club

ESPACE PRESSE