- Jean-Michel Lobry lors du concert de soutien aux journalistes otages en Afghanistan, organisé par le Club de la presse en octobre 2010
Comment avez-vous appris la décision du CSA ?
Jean-Michel Lobry : Nous l’avons appris incidemment, avant l’été, parce que l’un des six postulants aux nouvelles chaînes avait placé un chiffre de la vingtaine dans le nom de son projet. Nous avons don c saisi le CSA. Mais, réuni en plénière le 27 juin, il a décidé de nous sortir de notre numérotation actuelle. C’est une décision unilatérale, prise sans aucune concertation.
Quelle a été la réaction des chaînes locales ?
JM. L. : Le 18 juillet, les représentants de télés locales privées et publiques sont allés en délégation au siège du CSA. La réunion a été très tendue. Nicolas About nous a proposé de négocier des compensations. Refus de notre part. Nous lui avons dit : « Vous avez en face de vous 40 télés en colère qui représentent 13 millions de téléspectateurs.. Nous voulons que vous reconsidériez votre position. » Cela a valu l’intervention du président Michel Boyon qui, au départ, n’avait pas prévu de nous recevoir.
Quelle seront les conséquences d’un changement de numérotation ?
JM. L. : Pour nous, le CSA a une vue parisienne des choses. Même si Michel Boyon, affirme le contraire, il privilégie les grosses chaînes. Mais les conséquences sont importantes. . Avec l’arrivée de la TNT, les télés locales existantes avaient déjà été déplacées, passant des canaux 7 à 9 à la numérotation 20-25. Il va encore falloir changer. Comment peut-on, dans ces conditions, fidéliser les téléspectateurs ? Sans compter les frais de communication que cela suppose. Nos économies sont déjà fragiles. C’est un coup fatal qui est porté aux télévisons locales.
Le CSA explique qu’il agit dans l’intérêt général et que, pour retrouver les chaînes, il suffira d’ajouter un 10. Pour lui, il ne devrait pas y avoir de boueleversement.
JM. L. : Les arguments du CSA ne nous ont pas convaincu. Il veut regrouper toutes les chaînes nationales. Mais regardez la bande FM : il n’y a pas de regroupement. Tout est mélangé et cela ne nuit à personne ! En fait, plus une chaîne est éloignée dans la bande des canaux, moins elle est visible. Voyez aussi les box : 36% des Français reçoivent la télé par la box (44% en zone urbaine). Or, sur la box, les chaînes locales sont sur les numérotations comprises entre 212 et 400 !. Elles sont complètement illisibles.
Que va-t-il se passer à présent ?
JM. L. : Le CSA nous assuré qu’il avait bien perçu notre message et nous donne rendez-vous en septembre. Il ferait preuve de courage s’il reconsidérait sa position. Mais je crois que c’est plié. Pour l’instant, il nous faut attendre le rendez-vous de septembre. Ensuite, nous aviserons. En tout cas, notre action commune aura au moins permis de montrer notre unité et notre volonté de nous défendre.
Propos recueillis par Philippe Allienne
(1) Le 18 juin, la délégation reçue par le CSA regroupait les adhérents de l’Union des télévisions locales du service public (TLSP), et les télévisions locales privées.