Auditée par le CSA, TéléLille est confiante

Les dés sont jetés. La balle est dans le camp du Conseil supérieur de l’audiovisuel appelé à rendre sa décision avant novembre. Mardi 23 septembre, les représentants des trois projets de télévision locale privée pour la zone de Lille ont passé l’oral devant les neuf sages du CSA. Si elle a conscience de jouer une très grosse partie, l’équipe de Télé Lille garde son optimisme et parie sur ses atouts : la proximité, la citoyenneté, l’économie sociale et solidaire.

Il est toujours frustrant de présenter, en quelques minutes, un projet qui a mobilisé des hommes et des femmes durant des mois et qui a nécessité une énergie considérable. L’impossibilité de tout dire conduit souvent à la crainte d’être passé à côté de l’essentiel. C’est sans doute ce qu’ont dû se dire les défenseurs de Télé Lille qui se sont présentés ce 23 septembre, devant les membres du CSA.

Que de chemin parcouru, pourtant, depuis novembre 2007, lorsqu’une poignée de volontaires (réalisateurs, producteurs et journalistes notamment) a décidé qu’il fallait se positionner avant l’appel aux candidatures que devait lancer le CSA. Cet appel a finalement été publié le 19 février dernier. Il porte sur l’édition de services de télévisions privés à vocation locale diffusés en clair par voie numérique hertzienne terrestre. Entre temps, ce que nous aurions pu appeler le « collectif de novembre », avait, sous l’égide du club de la presse, organisé une réunion publique (fin janvier) et avait donné naissance à l’association « Télé Lille ».

Un projet réaliste et complémentaire

Après l’appel aux candidatures, l’association a choisi de se positionner sur la métropole lilloise, couverte par l’émetteur de Lambersart, et a commencé à dialoguer avec les représentants du groupe Voix du Nord qui postulent sur la zone couverte par l’émetteur de Bouvigny (soit la presque totalité de la région). Elle a œuvré d’arrache-pied sur le sens et les objectifs de son projet, en termes de proximité et de citoyenneté, sur les moyens, sur les partenaires, sur une grille de programme.

Lorsque Régis Verley s’est présenté devant les membres du CSA, le 23 septembre, il n’était plus président de l’association Télé Lille, mais patron de la Société coopérative d’intérêts collectifs (Scic) qui portera la chaîne si le projet est retenu. Intervenant après les auditions de « Télé Grand Place » et « Grand Lille TV », il a insisté sur l’aspect « réaliste », et néanmoins très professionnel, du projet et sur la complémentarité qu’il propose avec France 3 et le projet régional « Grand Place » soutenu par le groupe « Voix du Nord » et le Crédit Agricole.

A ses côtés, Richard Pernollet, membre de l’Association des fondateurs de Télé Lille (AFTL), a rappelé que « TéléLille est conçue comme un programme diffusant 24h sur 24 selon la technique de la multi-diffusion ». Dans un premier temps, TéléLille prévoit de réaliser 10,6% de production locale propre. Concrètement, « nous nous appuyons, a-t-il souligné, sur de la co-production avec des sociétés privées de la région, les associations audiovisuelles de la métropole, des correspondants [pigistes –ndlr] ». Il a encore insisté sur une ligne éditoriale focalisée sur la « micro locale » et sur la volonté d’ « aider à la réalisation de nouveaux concepts qui émergent avec la nouvelle génération ».

Troisième intervenant pour TéléLille, Ignace Motte a soulevé l’intérêt de la structure coopérative choisie par les porteurs du projet. Le statut de SCIC serait innovant s’agissant d’une télévision locale. Il le présente aussi comme un gage de sérieux et de garantie d’indépendance face à d’éventuels appétits extérieurs.

Grand Lille TV veut de l’info continue

Le projet « Grand Place » a été défendu devant le CSA par le directeur général du groupe Voix du Nord, Jacques Hardoin, le futur patron opérationnel Jean-Michel Lobry et… par le président du Conseil régional du Nord - Pas de Calais, Daniel Percheron. Alain Diéval, le directeur du Crédit Agricole, était également présent. Jacques Hardoin a notamment appuyé son argumentation sur un « projet d’aménagement du territoire et de création de lien social ».

Si l’attribution d’une autorisation pour ce projet d’envergure régionale ne fait aucun doute, en revanche, le CSA doit maintenant se prononcer entre le dossier de TéléLille et celui de « Grand Lille TV » défendu par Bruno Lécluse (Télé Mélody). Si Grand Lille TV se positionnait a priori à la fois sur l’émetteur de Bouvigny et celui de Lambersart, c’est bien sur ce dernier (et donc sur la zone de la métropole lilloise) que Bruno Lécluse s’est exprimé.

Jusqu’à l’audition, rien n’avait publiquement percé de ce dossier. On sait désormais que son promoteur souhaite une chaîne d’information locale et continue. Elle fonctionnerait à la manière de la télévision new-yorkaise « New York One » à laquelle Bruno Lécluse a fait référence devant le CSA. Il s’agit d’une chaîne qui couvre exclusivement l’actualité locale de la ville américaine, mais qui travaille à la manière des grandes comme CNN. « Grand Lille TV » ferait appel à cinq journalistes et mettrait la pédale douce le week-end.

A TéléLille, on ne se sent pas déstabilisé. Au contraire, Régis Verley et Régis Servant (le président de l’association des fondateurs) estiment avoir de très bonnes chances grâce à la complémentarité et au dialogue qu’ils prônent avec « TV Grand Place ». En attendant le verdict, l’équipe va reprendre ses réunions. « Il s’agit à présent de nous tenir prêts », dit Régis Servant.

Philippe Allienne

TéléLille, ultime répétition avant le « grand oral »


 

 

 

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