Aujourd’hui, dans la presse régionale - Samedi , dimanche, lundi - 8, 9 et 10 juillet 2006

De la coupe du monde qui échappe à la France à la parution repoussée du livre de Bertrand Gobin sur la famille Mulliez, en passant par un entretien avec Evelyne Thomas : l’actualité du week-end vue par la presse régionale et quelques titres nationaux… Sans oublier les éditoriaux.

Les quotidiens de ce lundi semblent tous afficher la gueule de bois. « Voilà, c’est fini », titre laconiquement le quotidien gratuit « Métro », sur une photo de Zinedine Zidane, de dos et tête baissée. Son confrère, « 20 Minutes » explique tout sous un titre aussi bref qu’éloquent : « Zi End ». « L’Italie, au bout d’une finale interminable et crispante conclue aux tirs au but a privé Zinedine Zidane, exclu en prolongation, d’une deuxième étoile, en remportant face à la France sa quatrième Coupe du monde de football, 24 ans après la dernière. Et Zidane n’était plus là. Celui qui a marqué des penalties tellement importants contre le Portugal (1-0) et encore dimanche en finale, est sorti trop tôt. », regrette-il.

« Métro » a vu une « partie digne d’une grande dramaturgie, comprenant héroïsme, symboles, tragédies. Les Français se sont arrêtés au pied de leur rêve, tout au bout des tirs au but ».

Entre admiration pour la brillante carrière et la déception après « le coup de tête vengeur dans la poitrine de Materazzi » puis l’exclusion qui a suivi, les commentaires ne veulent pas condamner le capitaine de l’équipe de France qui gâche sa sortie. Pierre Diéval dans « La Voix des Sports », décrit ainsi « "Zizou" », le magnifique, qui d’un statut en or passa sans transition à celui d’un joueur puni (110e). Il fallait, hélas, y voir un signe puisque les tirs au but qui suivirent scellèrent le sort d’une France orpheline de son champion, mais aussi trop maladroite, Trezeguet voyant son ballon frapper la barre ». Le quotidien sportif titre : « "Zizou" perd ses nerfs, le rêve passe ».

Et « 20 Minutes » reprend : « Avec Zidane, deux autres champions du monde français de 1998, Lilian Thuram et Fabien Barthez ont sans doute dit adieu dimanche à Berlin. Une nouvelle ère débute, avec les trois derniers champions du monde encore présents (Vieira, Henry, Trezeguet) et une nouvelle vague, incarnée par Franck Ribéry, 23 ans. » Et de conclure : « L’Italie, elle, va rentrer dans un pays miné par le scandale des matches truqués avec un titre de championne du monde. "Si on perd, on souffrira comme des bêtes", avait prévenu samedi Marcello Lippi. C’est un rugissement de plaisir qui a dû résonner dans une Italie qui va enfin trouver matière à aimer à nouveau le football. »

Voilà en tout cas qui répond aux interrogations et aux espoirs qui faisaient les "Une" de dimanche matin. « Et un… et deux ? » demandait « La Voix du Nord » en ressortant, sur fond bleu-blanc-rouge, le portrait de Zidane exhibant la coupe en 1998. Toujours avec une photo, mais actuelle cette fois, du capitaine des Bleus, « Nord Eclair » espérait que le champion puisse : « Décrocher l’étoile avant de raccrocher ». En pages intérieures, le quotidien roubaisien s’étend sur cette « Passion foot, passion Bleus »qui nous « gagne tous ». Candice Leblanc a interrogé un sociologue de l’Institut national du Sport, Patrick Mignon. Celui-ci explique que « le football a des racines populaires fortes et anciennes ». Et il précise : « les hommes politiques, notamment les dictateurs, ont vite compris l’intérêt de récupérer son extraordinaire pouvoir mobilisateur. Mussolini, par exemple, détestait ce sport, mais soutenait l’équipe italienne ». Florence Traullé a rencontré des jeunes, des moins jeunes, des profs, et des « intellos bon teint [qui jouent] au sociologue du sport [mais qui ont du mal à avouer pousser] des cris de Sioux devant le poste à chaque fois qu’un Bleu s’élance balle au pied vers les buts adverses. Un retraité roubaisien assure « que l’aventure des Bleus est bien plus que sportive, ce qui explique que la fièvre gagne tout l’hexagone ». « Globalement, dit-il, le climat est plutôt morose. Alors, ca remonte un peu le moral. Même si ça ne change rien sur le fond ». Mathieu Hébert démontre la même chose, mais en regardant du côté des jeunes et des vocations que suscitent les performances de l’équipe de France. « Les gamins s’appellent tous Zinedine Zidane » titre-t-il, avant de confirmer que « le parcours des Bleus joue sur le moral ». On se demande où les éditorialistes pêchent leurs idées…

Ce qui est sûr, c’est que la fièvre avait tellement gagné les gens que, « dans la région comme ailleurs », écrivait dimanche « La Voix du Nord », les maillots de l’équipe de France étaient quasiment introuvables pour les supporteurs de la dernière heure ». En tout cas, le quotidien de la Place De Gaulle avait trouvé le sien : « un maillot géant réalisé en un temps record par la société Doublet à Avelin », et qu’il a accroché sur sa façade. C’est l’image de sa Der, la page 48.

Le Mondial étant terminé, va-t-on parler davantage du Tour de France ? Voilà sans doute qui ferait plaisir à Pierre Faure qui, dans « La Croix du Nord » lance un « clin d’œil doux-amer : « « Ils sont partis en douce, en rasant les murs. D’aucuns affirment les avoir vus quitter l’Alsace. Sans faire de bruit pour ne pas déranger une population sportive tout entière occupée à regarder rouler un ballon rond sur des pelouses germaniques ». En fait, il n’est pas content, Pierre Faure. Pas content du tout, et il l’écrit avec ironie : « Si, si, on vous l’assure : Le Tour de France est parti. Humblement, portant sur ses épaules (…) ce péché sportif suprême : le dopage ». Et comparant son sport préféré au football : « Aujourd’hui, ils sont ces pelés, ces galeux quand les autres, ceux du ballon, ont revêtu un habit de lumière immaculé. Satan sur un vélo, des anges sur la pelouse. Tout noirs ici, tout blancs là bas. Le Bien et le Mal ». Et d’interpeller ses lecteurs : (« Tout ça ne vous paraît pas un peu trop simple ? ».
Didier Specq, pour « Nord Eclair » lui offre des arguments en proposantant la parole à Bertrand Wambeke, l’avocat lillois qui a défendu le cycliste nordiste Cédric Vasseur ("aujourd’hui innocenté après avoir été accusé de dopage"). En évoquant le cas de son client et des coureurs exclus du Tour 2006, Me Wambeke accuse le Tour de France de faire sa propre justice et de ne pas respecter la présomption d’innocence. « Les coureurs, dit-il, sont exclus la veille du départ alors que les pièces policières évoquées par "Amaury sport organisation" sont connues depuis longtemps. Pourquoi la veille ? Parce que, même en référé d’heure à heure, on ne peut obtenir un jugement favorable. (…) Quand le juge nous reçoit, le Tour de France est déjà parti ». Le "référé d’heure en heure" est une procédure d’extrême urgence, précise le quotidien.

Peu de place pour la politique dans les pages régionales de dimanche. « La Voix du Nord » nous apprend que « L’Union pour le mouvement populaire du Nord a vécu hier (samedi - ndlr) aux Près du Hem d’Armentières, sa première convention ». Elle était animée par Thierry Lazaro et Jacques Vernier et a « tenu ses deux objectifs principaux : réunir les militants dans un climat festif et se préoccuper des projets que le candidat de l’UMP devra défendre en 2007 ». "La Voix du Nord" précise qu’après les meetings et rassemblements studieux dont elle se contentait, l’UMP « emprunte à son tour un chemin tracé par le Parti communiste avec sa fête de l’Huma ou le PS avec ses fêtes de la Rose. Simplement, le mot fête est remplacé par « convention » ». Samedi, 400 militants étaient à Armentières pour écouter les responsables de leur parti parler de croissance liée au respect de l’ environnement et de réforme de la justice.

En pages économiques, « La Voix du Nord » signale que l’entreprise Moy Park France, à Hénin Beaumont depuis quinze ans, « va investir 15 millions d’euros dans les deux ans avec en vue un doublement de la production en tonnage (pour atteindre 40.000 tonnes par ans) ». « Le 12ème groupe volailler du pays, écrit Christian Canivez, « a subit de plein fouet la crise de la grippe aviaire. Mais l’entreprise, qui emploie 740 personnes, a décidé de se battre en investissant et en se diversifiant ». La part du poulet, par rapport au bœuf et au porc, va passer de 90% actuellement à 70%.
« Nord Eclair » et « La Voix du Nord » expliquent également pourquoi les dirigeants de Leroy Merlin « se sont engagés dans une démarche pilote concernant la validation des acquis de l’expérience (VAE ) ». « Chez Leroy Merlin, confie le responsable du centre de formation interne à Mathieu Hébert (« Nord Eclair »), on est convaincu que la formation permanente garantit la performance de l’entreprise ».

Après les perquisitions qui ont été menées la semaine dernière à « Nice Matin » et au « Midi Libre », « La Voix du Nord » de dimanche fait écho des protestations du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) et du Syndicat national des journalistes (SNJ). Ces derniers « s’étonnent du vide juridique relatif à la protection des sources des journalistes ». Dans son édition de Samedi, l’hebdomadaire « Marianne » s’inquiète tout autant des « graves menaces sur la liberté d’information ». « Que font les pouvoirs publics ?, s’angoisse François Darras. Rien, malgré les effets de manche… Et que voudriez-vous qu’ils fissent ? La situation est excellente en effet. Demain, peut-être, la presse insolente, contestatrice, dissidente, non conforme aura disparu. Demain, peut-être « l’Humanité » liquidée, « Libération » hors jeu, « Le Monde » placé sous la coupe d’Hachette, toute l’information quotidienne, dans notre pays, sera passée sous le contrôle d’Arnaud Lagardère et Serge Dassault, avec des strapontins pour Vincent Bolloré et Bernard Arnaud ». François d’Arras n’omet pas de relever que « ce sont tous des amis de Nicolas Sarkozy pour lequel « Le Point » et plus modérément « L’Express » ont également les yeux de Chimène. ».
Triste tableau, donc. Sous le titre « Un journaliste, ça ferme sa gueule ou ça s’en va… », Bernard Cohen, du même « Marianne », revient plus en détail sur les départs d’Alain Genestar, le directeur de « Match » « coupable d’avoir froissé Nicolas Sarkozy » et de Serge July, poussé hors de « Libération » par l’actionnaire principal Edouard de Rothschild. Ces deux départs forcés sont intervenus « sans susciter de vraie levée de bouliers », constate Philippe Cohen. Sévèrement, il conclut : « A "Paris Match" comme à "Libération", les rédactions ont sans doute perdu une grande partie de leur indépendance. Mais le profil de ceux qui les représentaient, Genestar et July, ne les a guère poussés à la révolte. Dans la presse comme ailleurs, on ne combat pas de manière forcenée pour des principes, sauf quand ceux qui les incarnent en donnent envie… ».

De journalisme, il est également question dans « Nord Eclair » de Samedi qui consacre sa double page « Petit Déj » à…. Evelyne Thomas ! Patrice Demailly et Violaine Magneont partagé les croissants avec celle qui a commencé sa carrière à
"Nord Matin" , où elle fut chroniqueuse judiciaire entre 1984 et 1986, avant d’intégrer "FR3 Nord - Pas de Calais" où elle fut tour à tour reporter, présentatrice et co-productrice d’un magazine et, à partir de 1988, présentatrice du journal. En 1992, elle arrive "France 3" national, où elle est journaliste, avant de présenter son premier talk-show en 1996. On connaît la suite avec l’émission "C’est mon choix". « Je suis journaliste, mais j’aime être animatrice aussi » plaide-t-elle quand on lui demande si elle n’a pas « l’impression de faire un mélange des genres ». Aujourd’hui, Evelyne Thomas, qui se raconte dans une biographie (elle a 42 ans…) ne croit pas que sa carrière télévisée est terminée. D’ailleurs, Etienne Mougeotte en personne le lui a dit : « Evelyne, vous allez revenir », confie-t-elle. Nous voilà rassurés. Quant au mélange des genres qui lui est reproché : « J’ai deux jambes », affirme-t-elle. « Si ça ne marche plus, je ferais mon métier de journaliste. Ma carte de presse est le miroir dans lequel je peux me regarder. » Et plus loin : « J’ai un métier qui me fait rencontrer des gens formidables, j’ai une famille formidable. Et je peux me regarder dans la glace ». A se demander où elle accroche sa carte de journaliste et, comme elle, on « se pince ».

A propos d’interview, Le même "Nord Eclair" du même samedi en livre une de la comédienne roubaisienne Fatiha Nacer. La créatrice de la compagnie « Human Doe », il y a sept ans à Roubaix, est cette année au festival d’Avignon. A Isabelle Dupont qui l’interroge, elle a plein de choses intéressantes à dire : sur son parcours, sa démarche artistique, son écriture, ses choix, son évolution, sa réflexion sur son rôle d’artiste, femme et d’origine maghrébine. Cela aurait bien mérité deux pages. Oui mais… elle est plus jeune qu’Evelyne Thomas peut-être ?

Enfin, cette nouvelle qui va sans doute faire plaisir à "La Voix du Nord". Dans son édition du 8 juillet (vendredi soir), le quotidien "Le Monde" nous apprend que « Ceux qui veulent tout savoir sur la famille Mulliez, qui contrôle une large gamme d’enseignes de la grande distribution (Auchan, Leroy-Merlin, Decathlon, etc.), devront attendre la rentrée. La publication du livre « Le Secret des Mulliez », prévue en juin, a été reportée après un long entretien entre Gérard Mulliez, le patriarche du groupe, et l’un des auteurs, le journaliste Bertrand Gobin. Ce dernier a choisi de confier son manuscrit à son avocat pour une ultime relecture. La colère de M. Mulliez tient autant à l’éventuelle divulgation d’informations privées qu’au décorticage des montages qui ont permis à la famille d’exceller dans l’optimisation fiscale durant des décennies. » Stéphane Lauer, notre confrère du "Monde" précise que, « A la fin du mois d’avril, M. Gobin a été interviewé par un journaliste de "La Voix du Nord". L’entretien a bien été mis en page, mais il n’est jamais paru. "Nous avons choisi de ne pas le publier parce que nous n’avions pas l’intégralité du livre en main", répond un responsable du quotidien régional. "La famille Mulliez a un rapport très fort avec le journal, nous nous respectons mutuellement, de temps en temps il y a des désaccords, mais penser qu’il y a eu ingérence est insultant", conclut-il. ». On se souvient que début juin, Bertrand Gobin était l’invité du Club de la presse. Il ne savait pas encore que la parution de son livre serait repoussée.

Philippe Allienne


 

 

 

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