« Croix du Nord » fête ses 40 ans d’hebdo

« Croix du Nord », un journal connu de centaines de jeunes journalistes par le biais des piges ou des stages réalisés lors de leurs premiers contacts avec le monde professionnel. « Un miracle sans cesse renouvelé », selon Muriel Leurent, retraitée toujours pleine d’allant et mémoire du titre. Un titre qui fête les 40 ans de sa publication au rythme de l’hebdo et qui, l’an prochain, fêtera ses 120 ans d’existence. Le plus vieux journal lillois est venu au Club, ce lundi 13 octobre présenter le dernier volet d’une aventure qui se poursuit.

Photos : Marc Dubois

Philippe Schröder, président du Club de la presse, a accueilli l’équipe de Croix du Nord en s’orientant d’emblée sur le présent et le devenir du titre plus que sur son passé : « Je suis heureux de fêter avec vous cet anniversaire, même si je préfère qu’on évoque davantage les 40 années à venir. [...] Le plus vieux journal lillois se défend chaque semaine avec un ton, un positionnement différent. Mais, comment parvient-on à développer un tel journal dans le contexte de la presse actuelle ? »

Repenser le journal

Daniel Deplancke, directeur opérationnel du titre, a tâté du journalisme à Nord-Eclair puis à La Voix du Nord avant de se passionner pour la gestion et le développement, la promotion et les ventes. Puis il a été chargé par le groupe « Presse Régionale SA » (Voix du Midi, Voix du Midi Lauragais, mais aussi Voix du Gers, Voix du Cantal, Le Rouergat, La Vie Quercynnoise ou La Voix du Jura) de relancer le titre dès juillet 2006. Il décide avec l’aide de sa nouvelle rédactrice en chef, Véronique Durand, arrivée du Tarn en novembre 2006, de démonter et de repenser chacune des pages du titre.

Un désossage qui se pratique en respectant une ligne éditoriale repensée : Croix du Nord s’affiche « hebdomadaire chrétien régional d’information ». Une enquête auprès des lecteurs montre que son rôle n’est pas de tenter d’être un condensé de toute l’actualité de la semaine, déjà distillée à longueur de pages (et de journée) dans les divers quotidiens, radios et télévisions.

Le lectorat préfère y voir une hiérarchisation de l’info effectuée par les journalistes (sur le mode : « dites-nous ce qu’il nous faut retenir, ce qui est réellement important... ») ainsi qu’une information plus locale ou régionale sur certains sujets qui s’imposent compte tenu d’une parution en début de week-end : les sorties, la culture, le cinéma, les émissions de télévision qui valent la peine d’être vues ou les initiatives chrétiennes qui ont du sens. « Pas nécessairement les grands raouts mais cela peut être une petite réunion de 30 personnes avec du fond... La Croix est un journal qui s’adresse aux familles. ». D’où également la présence d’une page de jeux. Critiques de livres en tous genres et de films figurent également. Un dossier est monté chaque semaine par le journaliste Thomas Levivier, selon une maquette rigide et contraignante. Un dossier souvent en décalage vis-à-vis de la concurrence et si possible avec une tonalité positive.

Un carré magique... à cinq

Le Père Podvin, le contributeur ecclésiastique du journal, a imaginé le carré magique du journal. L’assise régionale, tout d’abord, qui doit permettre d’équilibrer le contenu entre les deux départements. « Il ne s’agit pas de supplanter les nombreux hebdos locaux mais d’informer avec un autre regard, un autre langage et sur un mode plus synthétique. Le rythme hebdomadaire ensuite qui donne davantage de recul dans une vie qui va toujours plus vite. Par ailleurs, ce rythme donne toute sa place au dimanche, le jour le plus important pour les chrétiens. Bien sûr, il y a l’événement. Croix du Nord ne doit pas se contenter d’aligner des faits, d’imprimer un catalogue d’informations déjà diffusées par d’autres. »

En revanche, donner à un événement sa dimension éthique, rappeler que l’Homme est au centre de la préoccupation chrétienne et resituer la communauté des chrétiens dans le débat public sont des missions dont s’acquitte le journal. Enfin, raconter le « peuple de Dieu » au sein des trois diocèses de Lille, Arras et Cambrai. « Ces trois diocèses ont une réalité ancienne leurs spécificités. Le but est alors de faire découvrir les multiples visages de l’Eglise avec un vocabulaire accessible aux non-initiés. » Croix du Nord se défend d’être un journal catholique prosélyte : il s’ouvre aussi au protestants (l’Eglise anglicane notamment car très active dans la région). Mais il ne se veut pas interreligieux : « Le faire sérieusement exigerait bien davantage de moyens, notamment humains », préviennent tant Véronique Durand que Florentine Witz.

Un carré à traduire chaque semaine dans les colonnes du journal, tel est le challenge permanent mené par une équipe très réduite : trois journalistes salariés seulement en plus du directeur et du secrétaire de rédaction. Heureusement, une vingtaine de correspondants couvrent toute la région et toutes les spécialités auxquelles s’attache l’hebdomadaire chrétien. S’y ajoutent trois contributeurs, chroniqueurs réguliers : le Père Podvin et son « Bloc-Notes », Pierre Faure et ses chroniques de films et Fanny Magdelaine qui rédige « Foi de Maman », une rubrique familiale lue autant par les femmes que par les hommes...

Des abonnements qui progressent

Le projet de relance du titre décidé en 2006 a eu des résultats. L’hebdomadaire chrétien est peu présent dans les kiosques (en métropole lilloise et dans le Douaisis) mais préfère se concentrer sur les abonnements. Si son tirage est de 14.000 exemplaires, ils sont désormais 12.000 abonnés et 2008 devrait s’achever avec 900 nouveaux abonnés (pour un an minimum) sur l’année.

Le lectorat, majoritairement composé de seniors, tend à se rajeunir prouvant que la société française - régionale en particulier - est en quête de sens. Les lecteurs, qui appartiennent essentiellement à la bourgeoisie, se partagent à 55 % pour le Nord et 45 % pour le Pas-de-Calais. Tout en sachant que 80 % des lecteurs du Nord habitent la métropole lilloise. Des chiffres qui montrent que la vieille aventure, initiée le 6 octobre 1968 par Marie-Jo Delmasure, se poursuit. « La Croix, cette vieille dame suit sa trace... » Selon le directeur, le taux de réabonnement est de 94 %.

E. B.


 

 

 

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