Dans son récent rapport annuel, l’Institut Reuters a prévenu : « les douze prochains mois seront critiques pour l’industrie des médias ». Avec la faillite du distributeur de presse Presstalis, de nombreux titres ont perdu beaucoup d’argent : Le Parisien estime la perte à 5 millions d’euros, Paris Turf à 1,2 million, Le Monde à 13 millions, tandis que L’Équipe a prévu un déficit de plus de 16 millions cette année.
Conséquence : les plans sociaux s’accumulent et les salariés reprochent aux dirigeants des entreprises de presse de vouloir faire payer les conséquences de la crise aux salariés, tout en s’inquiétant de conséquences en cascade, notamment pour l’emploi dans les imprimeries. « Ce sont d’ores et déjà des centaines de postes dans la presse et les médias qui sont menacés. Comme nous le redoutions, la pandémie de Covid-19 sert de prétexte ou accélère des restructurations déjà programmées », déplore le SNJ-CGT.
80 000 emplois concernés
Pour Didier Lourdez, secrétaire général du SGLCE-CGT, « la filière de la presse c’est plus de 80 000 emplois, des centres éditoriaux aux imprimeries, en passant par les transporteurs, distributeurs et diffuseurs et s’il n’y a plus de distribution, il n’y a plus de diffusion et d’impression, et c’est toute la filière qui se casse la figure, et elle ne s’en remettra jamais ».
De son côté, l’économiste Julia Cagé estime qu’il est temps de remettre à plat le système des aides à la presse : « il faudrait sans doute que l’État mette davantage la main à la poche car aujourd’hui en France on a une double crise : une crise des médias due au Covid et à l’effondrement des recettes publicitaires et deuxièmement un choc conjoncturel très grave avec l’effondrement de Presstalis ».
Enfin, Stéphane Bodier, directeur général de l’ACPM (Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias) estime que le monde des médias a besoin de se renouveler. « Ça va être très compliqué jusqu’à l’automne, mais si les actionnaires continuent à soutenir leurs investissements, font une croix sur leurs profits pour 2020 et permettent aux titres de continuer sans couper, ils se rendront compte de la force des marques ».
M.P