Tunisie : condamné pour avoir publié une photo jugée immorale (12 mars 2012)

Nasreddine Ben Saïda, directeur du quotidien arabophone Attounissia a été condamné le 8 mars 2012 à verser une amende de 1000 dinars (envirion 500 euros) pour avoir publié en Une du journal la photo du footballeur Sami Khedira enlaçant une femme mannequin aux seins nus.

« A l’heure où les agressions contre les journalistes se multiplient et restent impunies, ce procès, à caractère inique, est résolument scandaleux, a déclaré Reporters sans frontières, faisant part de son indignation. Dans cette affaire, on a, non seulement, vu le parquet porter plainte en se fondant sur un article du code pénal abrogé depuis le 2 mars 2011, et le maintien des charges contre Nasreddine Ben Saïda. Compte tenu de l’importance de l’amende, la peine prononcée à son encontre est symboliquement lourde  ». Les avocats du journaliste ont décidé d’interjeter appel.

«  Un an après avoir chassé le président-dictateur Ben Ali, la censure mâtinée d’ordre moral serait-elle de retour pour imposer le silence aux medias de ce pays ?, s’interroge quant à lui le SNJ-CGT, qui apporte sa solidarité aux journalistes d’Attouniasia et à son directeur. M. Ben Saida (…) a dû effectuer une grève de la faim de cinq jours pour contraindre les autorités à le relâcher (…) C’était sans compter avec les tenants d’un retour en arrière de la société et d’une volonté de faire un exemple pour limiter le droit à une information libre : la justice a non seulement ordonné une sanction mais aussi exigé la destruction des pages du journal incriminé. Pour le SNJ CGT, poursuit le syndicat de journalistes, cette condamnation est un mauvais signal pour la nouvelle Tunisie de l’après Ben Ali. Tout comme le matraquage par la police de journalistes lors d’une récente manifestation et la volonté des autorités de contrôler les medias  ».


 

 

 

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