L’Afrique noire du web visite le Club

Une dizaine de journalistes de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, en formation de « management de sites internet » durant trois semaines à l’ESJ-Lille (1), ont été reçus au Club de la presse Nord – Pas de Calais ce vendredi 14 décembre. Ils se sont montrés très curieux sur fonctionnement de notre association.

Photos : Gérard Rouy

Comme il avait déjà accueilli dans ses locaux des journalistes chinois (lire l’article), d’Afrique du Nord, d’Iran (lire l’article) et du Togo (lire l’article), le Club de la presse invitait une délégation composée de onze confrères représentant huit nations d’Afrique Noire, accompagnés de Richard Pernollet, consultants auprès de l’ESJ, et d’Yves Renard, Directeur délégué aux activités internationales de
l’ESJ.

La présentation du Club et de ses événements phares par le président Philippe Allienne a suscité des questions de nos hôtes quant à son fonctionnement et à son financement ainsi que sur ses buts et ses actions. Le Club de la presse joue-t-il un rôle de syndicat ? Est-il un observatoire des médias ? Les points d’intérêt des journalistes sont universels : pour preuve, sur certains sujets, les Africains ont posé exactement les mêmes questions que les Chinois rencontrés en octobre, notamment à savoir si le club pouvait sanctionner des confrères ne respectant pas la déontologie du métier.

Soumis dans leurs pays à des situations parfois conflictuelles avec le pouvoir central, nos visiteurs s’interrogent surtout sur nos rapports avec les syndicats de journalistes, avec les pouvoirs politique, économique, patronal (de presse) ou sur nos publications. Leurs préoccupations se situent plus sur l’aspect matériel du métier et sur les pressions qui peuvent s’y exercer que sur les conséquences de ses évolutions. La presse indépendante africaine est jeune encore et elle manque de moyens lui permettant d’entrevoir une pratique journalistique vraiment libre. Comme l’a résumé Philippe Allienne : « de ce côté-ci de la Méditerranée, nous avons des soucis de riches face au risque physique auquel nombre de journalistes étrangers sont confrontés. Mais la liberté de la presse, au nord comme au sud, tient à un fil, plus ou moins épais selon la latitude, mais un simple fil. Il faut la défendre ».

Le délit de presse n’existe plus mais ...

Ainsi, face aux quelques atermoiements vécus ici pour une nomination lors du prix Chicon, notre confrère du quotidien Fraternité (Bénin) ose dire, qu’une telle initiative dans son pays lui vaudrait sans doute un aller simple vers la case Prison… Cependant que son confrère de l’Agence de Presse centrafricaine souligne que si le délit de presse ne figure plus au Code pénal de la RCA, cette suppression de la « faute » n’est pour autant pas encore entrée dans toutes les têtes…Alors que dans de nombreux cas, les journalistes africaines se doivent de cumuler les fonctions (juridiquement incompatibles chez nous) d’enquêteur, de chef de la publicité, de chargé des relations publiques et d’organisateur de la diffusion, nos questionnements peuvent paraître bien futiles en effet. Et, pourtant, L’Afrique Noire n’a de cesse de s’ouvrir et de vouloir adapter ses pratiques jusqu’à autoriser l’information par l’Internet, média moins aisément contrôlable que celui sur papier. Pourtant, une Maison de la Presse existe depuis un an en République Centrafricaine calquée sur le fonctionnement d’un Club de la Presse belge, ce qui ne gomme en rien les difficultés matérielles, humaines ou professionnelles (liberté d’expression) de ses membres. Mais la volonté courageuse de nos confrères de voir cette structure se pérenniser (voire se multiplier au sein du continent) est bien là. Pourquoi pas avec l’aide des l’ensemble des clubs de la presse français et francophones dans une action concertée selon le vœu émis par Philippe Allienne, à l’image de l’engagement du Club pour les journalistes algériens dans les années 90 ?

EB et SC

(1) La formation a duré 3 semaines. Elle a porté essentiellement sur le management et l’animation éditoriale d’un site Web d’information. A l’issue de ce stage, ils ont créé un blog pour partager leurs expérience, visible à l’adresse http://africawebmanagers.blogspot.com/


 

 

 

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