Parmi eux, Martin James, du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France (à Dury, dans la Somme), a présenté un ambitieux projet de préservation et de réhabilitation des tourbières des Hauts-de-France et de Wallonie, « Life Anthropofens ». Ces tourbières du nord de la France et de Belgique ont été dégradées par l’activité humaine et présentent des risques environnentaux par l’émission de carbone.
Le programme « Life Anthropofens » s’étale sur six ans (de 2019 à 2025) et est coordonné par le Conservatoire. Il porte sur 480 hectares de tourbières alcalines, des bas-marais alimentés par des eaux souterraines, des écosystèmes fragiles que le programme entend restaurer, améliorer et préserver. Il dispose pour cela d’un budget de 18,7 millions d’euros financé à 60% par l’Union européenne, plus précisément par le fonds européen Life. Il est mis en œuvre par neuf structures partenaires bénéficiaires et les 40% du financement restants sont apportés par l’Agence de l’Eau Artois Picardie (29%), l’Agence de l’Eau Seine-Normandie (5%), le Département de l’Oise (1%), l’Office français pour la biodiversité (1%), la fondation Coca-Cola (3%). Il faut y ajouter 1% d’autofinancement par les 9 partenaires.
Tous les grands domaines concernés
C’est dire si un tel programme est complexe et si le dossier a nécessité beaucoup de rigueur pour obtenir la participation de l’Union européenne. Complexité, rigueur, mais apport énorme pour un projet fort en faveur de l’environnement. Martin James a démontré l’utilité de l’Europe.
Dans un autre genre, Michel Delille n’a pas dit autre chose pour expliquer les financements Feder. Ce jeune agriculteur (« appelez-moi ’’paysan’’ » préfère-t-il) a eu recours à ces fonds pour les 86 hectares 100% biologiques qu’il exploite à Brunémont, près d’Arleux (Nord) avec sa ferme des Blancs Moutons. « Demander des aides européennes n’est pas le moment le plus confortable pour moi car il faut consacrer beaucoup de temps à ces dossiers parfois très compliqués à gérer », concède-t-il. Mais, tient-il à préciser, le soutien de l’Europe lui permet de garder le cap face aux difficultés et aux différentes crises que connaît l’agriculture et spécialement le Bio.
« Je ne comprends pas, insiste celui qui milite à la Confédération paysanne et qui affiche sa « conscience citoyenne », que des agriculteurs puissent se désintéresser de l’Europe. S’ils veulent que ça change, ils doivent voter [aux élections du 9 juin 2024] pour le candidat qu’ils veulent ». Et donc pour les intérêts qu’ils entendent défendre.
Les autres exemples présentés par la Maison de l’Europe de Douai étaient tout aussi passionnants : la réhabilitation et l’extension d’une école maternelle (l’école Marcel Cachin) dans la commune d’Aniche (Nord) devenue très énergivore (elle a été construite en 1938) pour un budget de 3,7 millions d’euros. La Ville a procédé au remplacement des vieux radiateurs en fonte par des panneaux rayonnants. Elle a aussi créé trois salles de classes supplémentaires, un accueil périscolaire et un restaurant scolaire intégré à l’école. « Un dossier financier complexe » là encore, qui a bénéficié de 100 000 euros de fonds feder, a commenté Jessica Tanca, Première adjointe au maire. La question posée ici : quel accompagnement européen pour les communes ?
Dans le Valenciennois, le Simouv (Syndicat intercommunal de la mobilité et d’organisation urbaine qui a compétence sur 81 communes) a décroché 26 millions de l’UE depuis 2005 pour l’ensemble de transports urbains, dont la ligne de tramway de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut. Le Simouv a monté un projet Interreg et a fait appel à des fonds Feder. Actuellement, les transports urbains du Valenciennois se préparent à la réglementation, prévue en 2025, sur le bioGnv et le remplacement de la moitié de la flotte de bus par des véhicules propres. Voilà qui concerne un « bassin de 350 000 habitants », précise Mohamed Aitiche, directeur général Adjoint du Simouv.
Informer plus que jamais
Des dossiers aussi concrets, qui touchent la vie des gens et, en l’occurrence, l’enjeu environnemental, sont très nombreux. Cela demande des moyens. L’Europe est un élément essentiel. « Lorsque l’on aborde ce sujet avec les jeunes, par exemple dans les lycées, ils sont super intéressés parce que nous leur parlons de sujets qui les concernent », constate Karine Evano, directrice de la Maison de l’Europe à Douai.
Il reste une ombre au tableau, et elle pèse. Ce 26 septembre, peu de participants étaient présents dans la salle de conférence de la Maison de l’Europe. Ce n’est pas faute de communication de la part des organisateurs. Pour Karine Evano, le phénomène n’est pas nouveau. Elle estime que trop de journalistes, au niveau local, « partent du principe que l’Europe n’intéresse pas le public. » Pourtant, insiste-t-elle, il est très important d’expliquer les enjeux, et ils sont nombreux.
Transport, agriculture, environnement, éducation, etc., comme l’a montré la rencontre du 26 septembre, sont autant de sujets qui portent sur la vie quotidienne des citoyens. « Quand un journal local nous objecte qu’il a pour vocation de donner de l’information locale, il oublie que le local est à fond concerné par l’Europe et son fonctionnement. » Un rappel particulièrement utile à quelques mois des élections européennes de juin 2024. Les témoignages recueillis par la Maison de l’Europe de Douai et le Club de la presse ont abondé en ce sens.