Enjeux climatiques : une matinée d’information dédiée aux journalistes en compagnie d’experts au Club de la presse HDF

, par communication@clubdelapressehdf.fr

Face à l’urgence climatique, le Club de la presse Hauts-de-France se mobilise pour soutenir un journalisme à la hauteur des enjeux. Le mercredi 3 avril, l’association a reçu Julien Labit, le directeur régional de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), Thierry Vatin, directeur général de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, mais également d’Agnès Jacques et d’Eric Vidalenc, respectivement directrice régionale déléguée et directeur régional adjoint de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et enfin de Vincent Santune, le directeur du Conservatoire d’Espaces Naturels HDF. Les invités ont pu donner des clés aux spécialistes de l’information pour leur permettre de suivre l’actualité environnementale de façon pertinente.

Cette rencontre fait écho à celle du 23 mars sur le rôle des médias et des journalistes dans la prise de conscience du défi écologique d’aujourd’hui par la population. Lors de ce premier échange entre journalistes et experts organisé par le Club de la presse Hauts-de-France, la nécessité de donner de clés pratiques aux journalistes et aux rédactions a été relevé. C’est dans ce sens que les experts des questions environnementales ont entretenu les journalistes présents à cette matinée d’information. L’eau, la sobriété énergétique, le réchauffement climatique, la sécheresse, le transport, l’aménagement du territoire, la biodiversité, la souveraineté alimentaire, étaient au centre des discussions.

Une situation climatique alarmante dans les Hauts-de-France

À l’horizon 2050, il y aurait « 20 % d’eau disponible en moins dans la région des Hauts-de-France » alerte Thierry Vatin. Pour l’invité du Club, il est primordial que la population prenne conscience du fait que « l’eau n’est pas une ressource illimitée. Ces affirmations sont corroborées par son voisin de table, Julien Labit qui précise que « la région des Hauts-de-France est, comme disait Jacques Brel, un terrain plat. Ce n’est pas comme à la montagne où il y a des glaciers, c’est pourquoi il ne faut pas gaspiller l’eau ». Le problème est encore plus préoccupant, car on vient de vivre un « l’hiver sec, et les pluies du printemps ne permettent pas de recharger les nappes, puisque l’eau est absorbée par la végétation ».
Contrairement à la problématique de l’eau, le réchauffement climatique est désormais bien implanté dans les esprits. « On va sur du +4°C à l’horizon 2100 en France », alerte Thierry Vatin. « C’est juste invivable lorsque l’on voit la canicule actuelle en Espagne. Il n’est jamais trop tard, mais pour le moment, on est sur cette pente-là », ajoute-t-il. Il assure par ailleurs que pendant longtemps, « la plupart des gens n’ont pas cru au réchauffement climatique ». Selon la DREAL, il va falloir malheureusement s’habituer à ce genre de situation, si rien ne bouge. « - 24 jours de gel à Boulogne entre 1955 et 2018, 33 à 36 jours de canicule récurrente à Cambrai, et + 10 cm pour le niveau de la mer à Dunkerque », des chiffres alarmants, révélés par Julien Labit.
Au niveau de l’énergie, le scénario est aussi dramatique. Selon Eric Vidalenc, « l’éolien et l’hydraulique ont moins produit que d’habitude à cause du réchauffement climatique ».
En plus, avec la guerre en Ukraine et les problèmes qu’a connus le parc nucléaire en France, il précise que « tous les voyants sont passés à l’orange d’un coup ».

Pour Vincent Santune, le directeur du Conservatoire d’Espaces Naturels HDF, l’urgence climatique touche aussi les espèces et les espaces protégés. Il alerte sur l’impact que cela provoque sur la biodiversité, « 10 % des plantes indigènes en 30-40 ans dans les Hauts-de-France ».
Pour rappel, le Conservatoire d’Espaces Naturels HDF intervient dans la protection et la valorisation du patrimoine naturel des 5 départements de la région, l’Aisne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais et la Somme. Il préserve la faune, la flore, les habitats naturels, les objets géologiques et les paysages.

« La sobriété » comme solution aux enjeux climatiques

Plusieurs actions sont menées par les experts pour accompagner la population dans la prise de conscience des enjeux écologiques. L’accent est surtout mis sur la sobriété pour l’eau comme cela a été fait pour l’énergie. Selon Eric Vidalenc, la transition écologique sera aussi un atout pour l’économie des Hauts-de-France. Il encourage la production locale pour éviter la dépendance et aller vers la décarbonation.
Pour Thierry Vatin « le citoyen a aussi un rôle à jouer dans la protection des ressources ». Pour ce faire, et mieux comprendre l’importance des gestes à adopter, il pointe du doigt l’utilisation quotidienne de l’eau. « Si l’on prend une douche de trois ou quatre minutes, au lieu de dix minutes, on peut économiser jusqu’à 30 % sur la consommation d’eau » suggère-t-il.
Cela pourrait aider à atteindre plus rapidement les objectifs de réduction de la consommation en eau, qu’on pourra réinvestir cette eau dans l’agriculture » notamment avec une utilisation moins abondante : « goutte à goutte »
La solution ne pourrait cependant pas se limiter à la sobriété. Les invités étaient tous d’accord pour, « stopper l’artificialisation de nos sols en centre urbain pour limiter les îlots de chaleur, décarboner notre industrie, voyager moins en voiture individuelle et adopter un mode de transport plus vertueux ». Ils ont également recommandé, pour une implication forte de la société civile, une formation des citoyens et des décideurs. Des actions sont en cours de préparation avec l’éducation nationale, selon Julien Labit, pour sensibiliser les élèves dès leur très jeune âge pour réduire l’empreinte carbone.
Au vu des solutions proposées par les experts, le projet d’aménagement du canal Seine-Nord a suscité des questionnements dans l’assistance. Pour la DREAL, « l’objectif premier du Canal est bien la limitation des transports de marchandises par les voies routières et ainsi réduire la pollution de l’air par les émissions de gaz à effet de serre ».

Un partenariat entre la Banque des Territoires et l’Agence de l’Eau

La matinée d’information s’est clôturée avec la signature d’un partenariat entre la Banque des Territoires HDF et l’Agence de l’Eau Artois-Picardie pour faciliter le financement du réseau d’eau dans la région des Hauts-de-France. Il s’agit d’une reconduction d’un partenariat signé pour la période 2019-2022 qui permettait de proposer aux collectivités une articulation complémentaire entre les interventions techniques et financières de la Banque des Territoires et celles de l’Agence de l’Eau. L’objectif étant de faciliter la réalisation de projets dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement. Entre 2018 et 2022, ce sont 56 M€ de prêts qui ont été accordés pour financer les équipements et réseaux d’eau de la région.

La signature de cette nouvelle convention prolonge l’engagement mutuel de l’Agence de l’Eau et la Banque des Territoires pour une nouvelle phase jusqu’en 2024. Les structures vont poursuivre et améliorer, entre autres, l’offre Aqua-Prêt dont la durée d’amortissement est de 25 à 60 ans et la tarification à Livret A + 40 points de base et/ou pour un prêt à « transition écologique et environnementale » à taux fixe (pour une durée de 15 ans à 40 ans). Ils prévoient également d’apporter un financement aux collectivités pour tous types de projets liés à « la production et la distribution d’eau potable, la collecte et l’assainissement des eaux usées, le recueil des eaux pluviales, la gestion des espaces et milieux aquatiques et la prévention des inondations, notamment la désartificialisation des sols.


 

 
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