10.000 supporters. On peut se réjouir de ce pouvoir fédérateur du football. Tel n’est visiblement pas le cas pour la cause défendue par les mouvements de soutien aux Sans-Papiers. La différence de traitement en témoigne. Samedi après-midi, ils n’étaient guère plus de deux cents à marcher de la place de la République de Lille au centre de rétention de Lesquin. « Alors que la trêve scolaire des expulsions s’achevait hier, les manifestants du collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable » manifestaient aussi contre la proposition du code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile », écrit Elodie De Vreyer dans « Nord Eclair ». Celle-ci se demande si la mobilisation envers leurs enfants ne pourrait pas rendre de l’éclat au mouvement des sans papiers. "Les petits aident les grands » titre-t-elle en page « métropole Lille ».
Dans la page « France-Monde » de la Voix du Nord, on apprend avec plaisir que Florence Aubenas, notre consœur de « Libération » tient ses promesses. Lorsqu’elle était rentrée à Paris, après avoir été retenue de longs mois en otage en Irak, elle avait assuré que, dorénavant, elle sortirait de sa réserve de journaliste pour se mobiliser en faveur d’autres otages ou de grandes causes. C’est chose faite puisque, avec son amie et écrivain Marie Desplechin, elle a participé à la manifestation à Paris et a déclaré : « Quand la police vient chercher vos voisins pour les amener là où ils ne veulent pas aller, il est temps de désobéir. S’ils sont hors-la loi, nous le sommes aussi ».
Dans ce même article, « La Voix du Nord » rapporte aussi les propos d’Arno Klarsfeld, nommé médiateur dans cette affaire par Nicolas Sarkozy et porteur « d’un message d’apaisement à l’adresse des familles ». Parlant de la circulaire du 13 juin sur les conditions requises pour demeurer sur le territoire français, il évoque des critères « souples, larges et généreux ». Voilà un aplomb digne de son patron, Nicolas Sarkozy lui-même auquel Sophie Bourgeoisconsacre un portrait en page 37 de « Nord Eclair ». . « Un jour, déclare l’intéressé, on dit que je ne serais jamais aimé des Français, et le lendemain que je pourrais devenir président de la République ! ». Epoustouflant.
LES EDITOS DU WEEK-END :
Liberté, égalité des chances, fraternité ? » : Le titre du commentaire signé Hervé Favre, dans la « Voix du Nord » de ce samedi matin, rappelle immanquablement l’éditorial de Jules Clauwaert , la veille dans « Nord Eclair ». Le hasard, décidément !… Il rend ici hommage à ce qu’il nomme le « franc parler rafraîchissant d’Azouz Begag ». Ce dernier, admire-t-il, « a profité de la conférence de presse mensuelle du Premier ministre pour lancer un cri du cœur aux journalistes présents ». Le « ministre lyonnais » avait demandé aux journalistes présents de « faire un peu de pub pour [le] portail www.diversite-emploi.com qui propose depuis trois mois des offres d’emploi à l’abri de toutes les discriminations ». Le journaliste de La Voix du Nord se fait un plaisir de relayer et signale que « quatorze entreprises du Nord - Pas de Calais (il les cite toutes) ont signé à ce jour la « charte de la diversité » portée par Azouz Begag. Cela reste peu par rapport aux « cent-vingt entreprises » qui ont fait la même chose en Rhône-Alpes, écrit-il. Mais il y voit une excellente solution pour, notamment, les « les jeunes diplômés habitant en zone urbaine sensible ». Grâce à l’appel d’offre lancé par Jean-Louis Borloo à des cabinets de placement privés, « au lendemain des émeutes dans les banlieues », « mille d’entre eux ont trouvé un emploi qu’ils n’auraient sans doute jamais décroché à cause de leur nom [ou] de leur adresse (…) » s’émerveille l’éditorialiste.
Et il faudrait dire merci ! s’indigne Marc Dubois dans « Liberté Hebdo ». Lui aussi cite le nom de Jean-Louis Borloo, mais c’est pour remettre quelques pendules à l’heure. Evoquant la hausse du smic de 3,05% telle qu’elle vient d’être annoncée, il calcule que cela représente un « coup de pouce de 0.25% par rapport à l’ajustement automatique auquel l’Etat doit légalement procéder pour tenir compte de l’inflation ! ». Marc Dubois s’insurge : « Il faut s’appeler Jean-Louis Borloo pour oser se réjouir de l’augmentation du Smic décidée par le gouvernement pour ce 1er juillet. Il faut vivre dans la soie comme lui (…) pour affirmer que la droite a augmenté le smic de plus de 20% ces dernières années ». Pour le journaliste, la réalité est très différente : « le smic est inférieur à 1.000 € net par mois » et « trois millions de salariés à temps plein ne gagnent pas cette somme ». Pour lui, « la véritable actualité aujourd’hui, c’est l’instauration d’un smic à 1.500 euros, la convocation d’un « Grenelle des salaires ». »Dans « »Liberté 62 », Jean-Louis Fossier ne dit pas autre chose : « Il ne s’agit pas de réthorique incantatoire : les 980 euros nets annoncés pour juillet suffisent à peine à payer les charges de loyer, de déplacement, d’habillement… Quant à la reconstitution de sa force de travail, c’est encore plus aléatoire. Le minimum garanti, c’est une mini vie assurée ! »
On devine que les deux hebdomadaires communistes ne seront pas d’accord avec leur confrère de « La Croix du Nord », Olivier Lepoutre, qui s’émerveille devant « Les bons milliardaires » ! « Milliardaires du monde entier, unissez-vous ! »clame-t-il. En fait, l’éditorialiste de l’hebdomadaire chrétien n’en revient toujours pas de la déclaration, lundi dernier, de « Warren Buffet, deuxième fortune des Etats-Unis offrant plus de 30 milliards de dollars » à la fondation philanthropique de Bill Gates. Olivier Lepoutre ne cache pas son bonheur devant ces « idées reçues sur la richesse » que Warren Buffet et Bill Gates « envoient promener ». Pensant au sida, à la malaria, à la polio et au manque de scolarisation dans les pays pauvres, Olivier Lepoutre a la larme à l’œil devant tant de générosité : « on peut être riche et généreux », et « cela peut se révéler efficace ». (…) Heureusement, les milliardaires sont là ! » vibre-t-il. A prendre au tout premier degré.
D’argent, il est aussi question dans l’éditorial de Jules Clauwaert de « Nord Eclair » de samedi. Sous le titre « Foot, vélo : les dérives, ou la fête ? », il s’arrête sur « ce 1er juillet 2006 [qui] marquera une date dans l’histoire des deux sports les plus populaires de France » : le tour de France et le Mondial. Après avoir rendu hommage à Jean-Marie Leblanc, directeur général du Tour de France depuis 1998, qui a « combattu le fléau du dopage », il dénonce « l’argent corrupteur » dans le football. « Pendant le « Mondial », écrit-il, on révélait d’étranges trafics en Italie. Et dans les commentaires, il ne manquait pas d’informations et de spéculations sur les transferts de vedettes, avec surenchères pharaoniques ».
Philippe Allienne
