Florence Aubenas et de Hussein Hanoun Al-Saadi

Lâcher de ballons et de colombes à Lille pour Florence et Hussein - 16 avril 2005

Le Club de la Presse Nord - Pas de Calais, en partenariat avec le Comité de soutien à Florence Aubenas, a organisé un rassemblement public le samedi 16 avril, place du Général De Gaulle à Lille.

Le temps fort de cette mobilisation a été, ce samedi 16 avril, l’opération « Lâchez-les, 100 jours ça suffit », un lâcher de 100 000 ballons dans une centaine de lieux répartis de nombreuses villes, manifestation à laquelle le Club de la Presse Nord&nbsp,- Pas de Calais a participé avec un rassemblement place du Général De Gaulle à Lille et au cours de laquelle il a procédé à un lâcher de ballon et de pigeons, dont un blanc symbolisant la paix.

 

L’intervention de Philippe Allienne
Président du Club de la la Presse Nord - Pas de Calais

Voilà donc plus de cent jours que Florence Aubenas et Hussein Hanoun Al-Saadi ont été enlevés en Irak. Le peu de nouvelles, s’agissant de Florence, l’absence totale de nouvelles s’agissant de Hussein, sont très inquiétants. Christian Chesnot et Georges Malbrunot avaient été libérés quelques jours avant Noël. On a voulu y voir un je ne sais quoi de symbolique, une sorte de signe des ravisseurs. On aurait donc pu penser, on aurait pu espérer un autre signe à l’occasion de ce centième jour de détention. Il n’en a rien été.

Le seul symbole que l’on peut apercevoir tient dans ces milliers de ballons lancés à l’instant ici et dans 62 autres villes de France. Comme ceux qui ont été lancés hier avec comme mot d’ordre du Comité de soutien à Florence Aubenas : « Lâchez-les ! ». Derrière, il y a cette formidable mobilisation de toutes les composantes de la société civile. Cette mobilisation nous l’avons nous-mêmes appelé de nos vœux, dès le mois d’août dernier. Il faut refuser cette politique des otages qui est devenue une véritable arme, tant en Irak qu’ailleurs.

C’est pourquoi je pense qu’il faut aller plus loin encore. Comme nous l’avons fait pour Giuliana Sgrena, mais pas pour Enzo Baldoni, mais pas pour Fred Nérac, mais pas pour Guy-André Kieffer, mobilisons-nous pour tous les journalistes otages, parce que nous sommes tous concernés par la portée, très lourde, de ces actes de piraterie. Mobilisons nous aussi et tout autant pour Marie-Jeanne Ion, Sorin Miscoci et Eduard Ohanesian (Romania Libera), les trois journalistes roumains enlevés le 28 mars avec Mohamed Munaf, un homme d’affaires américano-irakien qui était aussi leur guide en Irak.

En Irak, ces journalistes sont en train de payer le prix d’une intervention américaine qui, en chassant un dictateur, a réveillé et mis en scène d’autres ennemis de la démocratie et de la liberté et qui ne s’expriment que par la violence. La question du rapt politique ou crapuleux ne se pose pas. En nous mobilisant pour les journalistes otages, nous devons aussi chercher à comprendre, à demander des comptes.

De la même façon, nous avons le droit de savoir ce qui s’est réellement passé, le 16 avril 2004, lorsque Guy-André Kieffer a été enlevé par des hommes armés, alors qu’il avait rendez-vous avec un membre de la famille du président Laurent Gbagbo. Aucune nouvelle du journaliste n’est parvenue depuis ce jour. Et concernant la disparition de Frédéric Nérac, en Irak, c’est le même silence qui prévaut.

Nous ne demandons pas que les journalistes partent en reportage sous escorte, là où ils savent qu’il y a danger. Mais qu’au moins, nos responsables politiques ne se contentent pas de sensiblerie ou de conseils.

Le 3 mai prochain, l’association Reporters Sans Frontières organise, comme tous les ans, la journée internationale de la liberté de la presse. Elle donnera un bilan très sombre de l’année 2004 :

- 53 journalistes tués

- 15 collaborateurs des médias tués

- au moins 907 interpellés

- au moins 1 146 agressés ou menacés

- au moins 622 médias censurés.

Bien sûr, cette journée donnera l’occasion de dénoncer les régimes de nombreux états africains, asiatiques, sud-américains... Je ne doute pas que Fidel Castro et Kim Jong Il seront copieusement épinglés.

Pour ma part, j’aimerais juste signaler deux informations dont, finalement on parle très peu alors que c’est près de chez nous. D’abord, en Algérie, chez notre grand ami Abdelaziz Bouteflika, le journaliste Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, est en prison depuis dix mois et son journal est suspendu. Quatre journalistes du même quotidien sont poursuivis pour avoir dénoncé des magouilles financières impliquant des personnes proches du pouvoir. Ces journalistes sont : Abla Chérif, Yasmine Ferroukhi, Youssef Rezzoug et Hassane Zerroucky. Ce dernier, on le connaît : il est aussi journaliste à L’Humanité, ici en France.

Lorsque l’épouse de Mohamed Benchicou vient à Lille pour sensibiliser les journalistes et le public sur le sort, non seulement de son mari, mais de l’ensemble de la presse algérienne qui est quotidiennement harcelée par la justice, elle réunit autour d’elle un maximum de deux à trois personnes !

Enfin, au Maroc, chez notre grand ami le roi, le journaliste Al Lmrabet vient de se voir INTERDIT d’écriture, c’est-à-dire interdit d’exercer sont métier pendant dix ans. La décision a été rendue mardi dernier par le tribunal correctionnel de Rabat. La raison, Lmrabet a écrit des articles contredisant les positions officielles du gouvernement marocain.

Hé bien je pense que ces consœurs et confrères algériens et marocains sont eux aussi des otages. Mobilisons aussi pour eux et, ce serait une bonne idée ouvrons leur les colonnes de nos journaux et les pages de nos sites internet. Nous aurons l’occasion d’en reparler bientôt, je l’espère.

C’est donc vers l’ensemble de ces journalistes, souvent porteurs d’espoir autant que d’information, que nous envoyons ces colombes, un peu sombre certes. C’est que, peut-être, elles portent le deuil d’une part de nos libertés.

Pour le retour de Florence et Hussein, pour le retour de Marie-Jeanne, Sorin et Eduart, pour la vérité sur Fred et Guy-André, pour la liberté de Mohamed et de Ali ! Merci à tous, et merci à la fédération colombophile de France. Gardons espoir et restons éveillés !

Philippe Allienne
Président du Club de la Presse Nord - Pas de Calais

 

Pour les « Cent jours sans » de Florence et Hussein ... (photos : Aimée Thirion)
 
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« Lâchez les ! »


 

 

 

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