Les Capenoules vous saluent bien !

Il faisait soif, lundi dernier, autour du bar du Club. Il faut dire qu’on y faisait la fête aux Capenoules, cette bande de copains pas tristes qui ont eu l’idée saugrenue et salvatrice d’enregistrer en patois une tripotée de chansons plutôt grivoises dans les années 60-70. Parmi eux, un certain Francis Delbarre (alias Raoul de Godewarsvelde), ci-devant photographe officiel de la Foire de Lille et de l’Evêché.

Le Club de la presse avait en effet invité Francis Delabre, auteur d’un roman qui vient de paraître et qui s’intitule tout simplement « Capenoules ! » (Ed. La Contre Allée). Il était accompagné de Frédérique Delbarre (la fille du grand Raoul) et de Gisèle Frézin, une ancienne capenoulette. Et puisque tout finit par des chansons, deux membres éminents de la Bande à Paulo, Gérard Buisine (chant, guitare) et Didier Demarcq (chant, accordéon diatonique), étaient venus interpréter quelques airs de nos truculents gaillards. Notamment une mémorable version d’Eul’ carette à quiens, reprise en chœur par toute l’assistance.

L’auteur, casquette vissée sur la tête et chope à la main, entouré de son public.

Du chien, d’ailleurs, Francis Delabre n’en manque pas, avec sa langue verte et son écriture fleurie, mi-patois mi-français, truffée d’anecdotes cocasses et de réminiscences précieuses du Vieux-Lille des années 70. Pour collecter les informations sur ses héros, il a enregistré sur un petit magnétophone dix-sept heures d’interviews des capenoules Mimi Ducherloque, Jack Defer, Roger et Gisèle Frézin, Jean-Claude Darnal, Michel Célie, Marco Slinckaert, Armand Piquet, Marcel Decubber et Robert Lefebvre. Et, parce que leurs souvenirs divergeaient parfois sur des points de détail de leur histoire commune, il a décidé d’en faire une synthèse en créant deux personnages hauts en couleur qui se rencontrent à la Braderie de Lille. Au cours de moultes libations et autres dégustations de moules-frites et de tartes à gros bords dans les « chapelles » qu’ils trouvent sur leur chemin, l’un raconte l’histoire des Capenoules à l’autre. Un récit savoureux. « Et pour une fois qu’un conte de fées est une histoire vraie, écrit Yolande Moreau dans sa préface du livre, faut pas s’en priver !  ».

En résidence jusqu’au 13 mars à la Maison Folie de Moulins rue d’Arras à Lille, Francis Delabre a ouvert un éphémère bistro-théâtre, L’Enfarcé, où se multiplient ateliers, tables rondes, rencontres avec les habitants, exposition des archives et des pochettes des Capenoules et même une Université du Canular ! Pendant son séjour, cet ancien Lillois aujourd’hui installé dans le Haut-Minervois aura eu le privilège (avec de nombreux autres Lillois) d’assister en février à l’inauguration officielle de la Place Raoul-de-Godewarsvelde (sur la plaque de laquelle on peut lire « 1928-1978, chanteur populaire et capenoule »), à l’angle des rues de Bapaume, de Condé et Duguesclin, à Lille.

Les prochaines tables rondes à l’Enfarcé seront une « Rencontre Nord-Sud (spécial accordéon) » animée par notre consœur (membre du Club) Hélène Hannon le samedi 6 mars à 16h, ainsi que « Pour en finir une bonne fois avec la rigolade » le samedi 13 mars à 14h. Et pour terminer cette résidence en beauté, « Eul’ grind orquesse des Tire-Noules » (Cie du Tire Laine) donnera un bal de clôture que l’on imagine délicieusement capenoulesque, à la salle Courmont rue Courmont à Lille, le dimanche 14 mars à 14h.

G. R.

« Les Capenoules ! » par Francis Delabre, préface de Yolande Moreau, aux Éditions de la Contre-Allée (18,50 €).

Gisèle Frézin, ancienne capenoulette, et Frédérique Delbarre, la fille du grand Raoul.
Didier Demarcq, Gérard Buisine et… le petit Marius.


 

 

 

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