Une usine pour Thomas

Christian Brémilts connaît tout des collectivité locales, ces « produits de la décentralisation » si typiquement français. En spécialiste de la communication de ce secteur, il ne peut d’ailleurs s’empêcher un dithyrambe dès la première page de son roman. Car c’est bien dans cet univers qu’il nous plonge d’emblée : « Des syndicats intercommunaux aux régions en passant par les communautés de communes, les communautés d’agglomération, les communautés urbaines et les départements…. ».

Pour autant, il ne faut surtout pas craindre un long exposé universitaire sur un « monde politico administratif » souvent « illisible au commun des mortels » ! D’abord, l’auteur a une formation de journaliste. Il sait que la technique du récit ne supporte pas l’écriture universitaire et autres dissertations relevant d’un plan dialectique. S’il s’attarde un peu dans ces collectivités qui tissent notre région, il commence par amuser le lecteur du Nord – Pas de Calais quelque peu au fait de son environnement économique et politique. Nous croisons ainsi le double mètre d’Henri Pouvras, le maire de Maubeuge, le président régional Denis Percharon, le maire vert de Loos-en-Gohelle Jean-Christophe Charon et « l’inévitable Pierre Sartignon, tout auréolé de ses Euralille 2, Eurasanté et autres Euratechnologies ».

Mais le personnage central du livre n’est pas un élu, ni une vedette politique. Fabrice Favier est un fonctionnaire territorial. Il est directeur du développement à la communauté d’agglomération des Hauts de France. Comme son géniteur, il a du talent. Car, à partir de préoccupations des plus sérieuses comme le chômage, l’aménagement du territoire et la promotion économique du Nord – Pas de Calais, il nous entraîne dans un roman d’espionnage palpitant et nous fait voyager en Corée du Sud , en Turquie, à Roubaix et même à Lille. Le fonctionnaire zélé a décidé de prendre tous les risques pour obtenir, à l’insu des décideurs politiques, ministère de l’Industrie en tête, une implantation industrielle dans son fief.

Oui, Christian Brémilts s’amuse en mêlant fiction et réalité. Il s’amuse en imaginant un scénario improbable selon lequel tout est permis pour redonner de l’espoir à une génération de travailleurs précaires et de chômeurs. L’écriture est habile et la plume alerte. On se laisse volontiers entraîner dans le délire ravigotant de l’auteur. D’autant que le réalisme n’est jamais loin. Comme ce commandant de la DCRI qui ne lâche pas le héros d’une semelle. Et qui lui, n’a pas l’air de sortir d’une fiction.

Ph A

Une usine pour Thomas – Christian Brémilts – Editions CBC


 

 

 

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