Stéphane Saint-André, le maire de Béhune et notre hôte d’un soir, a eu droit aux félicitations d’Edwy Plenel : « il est encourageant et satisfaisant de voir des élus accepter de mener une réflexion aux côtés des journalistes et des communicants sur les évolutions de nos métiers. Une réflexion menée tant sur les moyens que sur les contenus. Des élus qui en acceptent les critiques autant que les remises en cause ».
Philippe Schröder, a souligné « que le Club de la presse n’était pas celui de Lille mais bien celui du Nord-Pas de Calais. S’il nous est plus facile voire plus confortable d’organiser de telles manifestations sur Lille ou ses proches environs, je veillerai cependant, durant la durée de mon mandat, à ce que d’autres manifestations du Club puissent se tenir dans les divers territoires qui forment notre région ». C’est aussi l’objectif des expositions photographiques conçues par le Club. Visible jusqu’au 22 novembre dans le hall d’honneur de l’hôtel de ville béthunois, cette exposition qui met en exergue l’écriture journalistique du photojournalisme ne cesse d’aller de ville en ville à travers la région mais aussi au-delà de ses frontières. Vantée par Edwy Plenel (Médiapart consacre au photojournalisme un jour par semaine), cette écriture journalistique si particulière n’a pas été primée cette année, Philippe Schröder regrettant la faible qualité informative des documents proposés. Car une photo de presse doit d’abord raconter une histoire et rencontrer le lecteur.
- Philippe Schröder, président du Club proclame le palmarès des Grands Prix 2008 à la presse en présence d’Edwy Plenel, fondateur du site internet Médiapart et de Stéphane Saint-André, maire de Béthune
Cimenter les relations avec les jeunes journalistes
Philippe Schröder insiste sur l’importance d’une telle manifestation qui réunit des journalistes expérimentés autour des lauréats. « C’est important d’y être car cela change le regard que l’on porte aux nouveaux entrants dans ce métier. Ce prix leur donne de la confiance et de l’assurance. Beaucoup de nos lauréats sont des journalistes indépendants. Il est important de pouvoir leur tendre la main, de leur dire qu’on fait le même métier, celui de journaliste ». Un message largement relayé par le parrain de cette édition : « ce que je remarque est le message fort que nous délivre votre jury et votre sélection. Ce qui a primé dans les divers articles ou reportages choisis, c’est leur contenu, leur sens. On y retrouve les deux qualités essentielles d’un journaliste : la curiosité et la générosité. Cette dernière s’exprime par le respect du sujet et du lecteur. Cette générosité est la base qui nourrit la confiance du lecteur. On y trouve aussi de l’engagement car on ne peut pas faire ce métier sans s’engager. En plus, vos Grands Prix s’adressent à des jeunes et on oublie souvent qu’un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté ».
Retrouver le lecteur
« La crise survenue au Monde est ce qui m’est arrivé de mieux : avec mes collègues créateurs de Médiapart, nous avons ainsi pu retrouver une vraie relation avec le lecteur. Une relation plus directe et rapide due au média Internet. La promotion de ce nouveau média m’oblige à me « balader » pour aller à la rencontre des lecteurs mais aussi des confrères. Nous pouvons ainsi échanger, confronter les points de vue : cela amène à retrouver le lien avec le public. Un public qui nous suit car il sait que nous avons raison. En ces temps de crise de la presse, ce que je reproche principalement aux responsables de presse qui participent aux Etats généraux de la presse, initiés par le président de la République, c’est de montrer leur manque de distance du pouvoir. Alors que cette impression de connivence est la cause de la crise de confiance opposant la presse et son public... En outre, la non-publicité des débats et l’impossibilité de les filmer m’a convaincu de ne pas m’y joindre » explique Edwy Plenel.
La parole aux lauréats
Les lauréats ont été invités à s’exprimer sur les conditions de leur reportage, sur l’aide ou les moyens consentis par les rédactions. Beaucoup ont insisté sur l’entente avec les journalistes plus anciens qui apportent conseils et pistes d’infos. D’autres ont mis en avant leurs rencontres passées et donc l’importance de conserver des contacts et un solide carnet d’adresses. Lors de la remise des prix, Luc Hossepied, animateur de la soirée, reviendra sur chacun des sujets interrogeant tour à tour chacun des lauréats. A l’issue de la cérémonie, Stéphane Saint-André a remis la médaille de la Ville à Edwy Plenel et à Philippe Schröder, pour leur participation au rayonnement extérieur de Béthune. Il a ensuite appelé Hervé Robin, après l’hommage rendu par Philippe Schröder à celui qui, administrateur en 2002 a initié ces Grands Prix issus d’une réflexion menée avec d’autres pour « attirer les jeunes journalistes au Club ». Un hommage d’autant plus fort compte tenu de la fermeture du bureau régional de M6 Lille dont Hervé est le rédacteur en Chef.
Le récipiendaire, fort ému, a félicité les jeunes journalistes et notamment ceux de son équipe, intégrés comme pigistes qui continuent à alimenter le Six Minutes comme si de rien n’était, car les jeunes sont déjà de vrais professionnels nullement blasés.
Puis, la soirée s’est achevée autour du cocktail offert par la municipalité.