Autour de la table, l’un des initiateurs de la charte, Loup Espargilière, co-fondateur du site d’information « Vert », (journal indépendant d’actualité en ligne qui informe sur le climat et le vivant), deux journalistes de la région, Anne Henry Castelbout, journaliste à Radio RCF et correspondante du JNE, Samuel Duhamel, journaliste chef de bureau M6 à Lille, et la directrice générale adjointe de l’Agence de l’Eau Artois Picardie, Isabelle Matykowski en tant qu’experte en environnement, écologie et biodiversité.
Le débat a permis dans un premier temps de faire un point sur la situation et proposé des solutions factuelles pour susciter un éveil collectif sur l’urgence et l’enjeu écologique.
Plusieurs médias régionaux et nationaux font désormais la part belle à ces sujets.
Le Club de la presse a diffusé, au cours de la soirée, une veille qu’il a réalisée sur les trois derniers mois. Il s’agissait de présenter l’état des lieux de l’implication des médias dans le traitement des sujets environnementaux depuis la publication de la charte. Cette veille montre que plusieurs médias régionaux et nationaux font désormais la part belle à ces sujets. Des « Unes » sur l’environnement ainsi que des pages entières sur les questions écologiques sont plus fréquentes. C’est le cas du Courrier Picard qui a publié « 5 Unes » sur l’environnement en moins de trois mois. Dans sa nouvelle formule, Liberté l’Hebdo des Hauts-de-France propose une page spéciale environnement.
Les rédactions ont parfois mis en place leurs propres dispositifs ou comités pour mieux traiter l’information relative à l’écologie et l’environnement et les initiatives sont multiples. C’est le cas, entre autres, de Ouest France, le groupe TF1, France Télévision, M6 etc.
« La charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » est un outil qui présente des recommandations pour améliorer le traitement médiatique des sujets écologiques et de préférence de façon transversale » d’après Loup Espargilière. « c’est d’ailleurs ce que propose la charte pour répondre aux problématiques identifiées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son sixième rapport » poursuit-il. Pour le rédacteur en chef du site d’information « Vert », « l’écologie va au-delà des troupeaux de chèvres devant l’entrepôt d’Amazon… et les entreprises doivent mettre plus de volonté pour réduire leur empreinte carbone » d’une part. Il est aussi primordial, explique-t-il d’autre part, que les politiques mettent les moyens pour accompagner l’industrie et l’agriculture dans leur transition écologique.
Formation des journalistes
Pour un meilleur traitement de l’information, les invités ont souligné l’importance de la formation des journalistes sur les questions liées à l’environnement afin de tenir la population informée sans l’angoisser et sans minimiser les enjeux non plus.
« La fresque climatique » explique Samuel Duhamel, est une méthode ludique, participative et claire qui permet de comprendre plusieurs sujets autour de l’environnement et elle est accessible à tous les publics ».
Il insiste sur l’importance de la pédagogie. Pour que l’engagement et l’action des médias soit plus impactants et marquants, le journaliste estime qu’il y a aussi un travail de sensibilisation à faire au sein des rédactions.
Un avis que partage Isabelle Matykowski en rappelant que le rôle des experts et des médias, en travaillant main dans la main, est aussi d’éveiller les consciences sur le fait que « l’eau n’est pas une ressource illimitée », il s’agit d’une denrée qui risque de manquer, ce même en France. « Il y a urgence à éduquer pour une utilisation plus sobre et raisonnable de ce bien précieux » précise-elle.
L’experte est aussi revenue sur le travail considérable de l’Agence de l’Eau Artois Picardie pour sensibiliser tous les publics, les jeunes y compris, sur les enjeux écologiques et faire adopter les bons gestes qui protègent l’environnement. L’exemple de l’académie de l’eau et le parlement des jeunes pour l’eau ont été cités parmi tant d’autres. Elle estime qu’il faut aussi donner l’occasion au jeunes de participer à ces instances de décisions pour qu’ils comprennent les enjeux.
Elle se réjouit de l’initiative de la charte et de l’implication plus active des médias sur ces questions. Toutefois, pour l’invitée du Club, le travail doit se développer encore plus entre les médias et les experts pour arriver à convaincre.
Il faut reconnecter l’être humain au vivant
« L’écologie ne se résume pas au réchauffement climatique » rappelle Anne Henry Castelbout, présentatrice de l’émission écologique de 12 min, « Commune Planète ». Elle propose d’aller sur d’autres sujets qui sont en lien avec l’environnement.
En réponse à un jeune sur la responsabilité qu’on leur fait endosser sur ces questions, Anne Henry Castelbout estime que « les jeunes vivent déjà une période très difficile avec toutes les informations sur la fragilité de la planète et propose de les accompagner davantage et ne pas les rendre responsables de son avenir ». Elle souligne qu’il est impératif de reconnecter l’être humain au vivant, avec des sujets sur la biodiversité, la faune, la flore... c’est ce qu’elle appelle le journalisme de solution.
Journalistes et experte estiment que les médias commencent par donner plus de place aux sujets environnementaux. Mais ils peuvent mieux faire pour que la population puisse mieux saisir les enjeux de la crise climatique et entrevoir des solutions.