L’initiative de plusieurs rédactions et de journalistes indépendants, coordonnée par Anne-Sophie Novel des JNE, s’articule autour de 13 points clés et les meilleures pratiques pour améliorer le traitement médiatique de tous les sujets liés au climat, au vivant et à la justice sociale.
À l’heure où les questions écologiques deviennent recrudescentes, vagues de chaleur, sécheresse-record etc. la presse a une énorme responsabilité dans la compréhension de ces événements par le grand public. La charte interpelle les journalistes et les médias dans leur ensemble sur les sujets liés à l’écologie. “L’écologie ne doit plus être cantonnée à une seule rubrique : elle doit devenir un prisme au travers duquel considérer l’ensemble des sujets” souligne le premier point de la charte.
“L’écologie ne doit plus être cantonnée à une seule rubrique : elle doit devenir un prisme au travers duquel considérer l’ensemble des sujets”
Pour les initiateurs de cette charte, le mauvais traitement médiatique des sujets liés au climat et à la biodiversité nuit gravement au débat démocratique. “Des citoyens mal informés sur ces sujets majeurs risquent de prendre de mauvaises décisions à l’heure où, plus que jamais, les sociétés doivent contribuer à enrayer l’emballement du climat et s’adapter à ses effets les plus néfastes”. ont -ils affirmé.
Dans son sixième rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) insiste sur le rôle crucial des médias pour « cadrer et transmettre les informations sur le changement climatique ».
Le texte invite les journalistes à être à la hauteur du défi que représente l’emballement du climat pour les générations actuelles et à venir.
Plus de 500 professionnels des médias (presse écrite, web, TV, radio, école de journalisme, syndicats etc) ont signé cette charte.
« cadrer et transmettre les informations sur le changement climatique ».
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Les 13 recommandations de la charte :
1. Faire œuvre de pédagogie. Les données scientifiques relatives aux questions écologiques sont souvent complexes. Il est nécessaire d’expliquer les ordres de grandeur et les échelles de temps, d’identifier les liens de cause à effet, et de donner des éléments de comparaison.
2. S’interroger sur le lexique et les images utilisées. Il est crucial de bien choisir les mots afin de décrire les faits avec précision et rendre compte de l’urgence. Éviter les images éculées et les expressions faciles qui déforment et minimisent la gravité de la situation
3. Élargir le traitement des enjeux. Ne pas renvoyer uniquement les personnes à leur responsabilité individuelle, car l’essentiel des bouleversements est produit à un niveau systémique et appelle des réponses politiques.
4. Enquêter sur les origines des bouleversements en cours. Questionner le modèle de croissance et ses acteurs économiques, financiers et politiques, et leur rôle décisif dans la crise écologique. Rappeler que les considérations de court terme peuvent être contraires aux intérêts de l’humanité et de la nature.
5. Assurer la transparence. La défiance à l’égard des médias et la propagation de fausses informations qui relativisent les faits, nous obligent à identifier avec précaution les informations et les experts cités, à faire apparaître clairement les sources et à révéler les potentiels conflits d’intérêts.
6. Révéler les stratégies produites pour semer le doute dans l’esprit du public. Certains intérêts économiques et politiques œuvrent activement à la construction de propos qui trompent la compréhension des sujets et retardent l’action nécessaire pour affronter les bouleversements en cours.
7. Informer sur les réponses à la crise. Enquêter avec rigueur sur les manières d’agir face aux enjeux du climat et du vivant, quelle que soit leur échelle d’application. Questionner les solutions qui nous sont présentées.
8. Se former en continu. Pour avoir une vision globale des bouleversements en cours et de ce qu’ils impliquent pour nos sociétés, les journalistes doivent pouvoir se former tout au long de leur carrière. Ce droit est essentiel pour la qualité du traitement de l’information : chacun•e peut exiger de son employeur d’être formé•e aux enjeux écologiques.
9. S’opposer aux financements issus des activités les plus polluantes. Afin d’assurer la cohérence du traitement éditorial des enjeux du climat et du vivant, les journalistes ont le droit d’exprimer sans crainte leur désaccord vis-à-vis des financements, publicités et partenariats média liés à des activités qu’ils jugent nocives.
10. Consolider l’indépendance des rédactions. Pour garantir une information libre de toute pression, il est important d’assurer leur autonomie éditoriale par rapport aux propriétaires de leur média.
11. Pratiquer un journalisme bas carbone. Agir pour réduire l’empreinte écologique des activités journalistiques, en utilisant notamment des outils moins polluants, sans pour autant se couper du nécessaire travail de terrain. Inciter les rédactions à favoriser le recours aux journalistes locaux.
12. Cultiver la coopération. Participer à un écosystème médiatique solidaire et défendre ensemble une pratique journalistique soucieuse de préserver de bonnes conditions de vie sur Terre.