Autour de la présidentielle 2022, une vilaine petite musique anti-journalistes

, par Faouzia

Mardi 12 avril, Marine Le Pen organisait une conférence de presse dans son QG à Paris. Une conférence à laquelle les journalistes de Quotidien, le magazine de Yann Barthès sur TMC, n’avaient pas le droit d’assister car la candidate leur refuse l’accréditation. Il semblerait que les journalistes de Quotidien ne sont pas les seuls qui, considérés comme hostiles à la candidate du RN, n’ont le droit d’accès ni aux conférences de presse ni aux meetings que la prétendante à l’Élysée organise. Libération et Médiapart n’ont pas toujours pu assister aux évènements organisés par Marine Le Pen.

La candidate qui se présente au suffrage universel et qui prétend s’adresser à tous les Français, prive ainsi les lecteurs et téléspectateurs des médias bannis de ses conférences. Quotidien n’est « pas une émission d’information mais de divertissement » a-t-elle expliqué devant un parterre de journalistes en précisant « que seul les journalistes sont accrédités ».
Dans son édito de mercredi Sonia Deviller, sur France Inter, le rappelait très bien : « Le pouvoir n’a pas à décider qui est journaliste et qui ne l’est pas ». En effet, « la commission* de la Carte de presse réunit des représentants de la profession issus de nos élections et attribue, chaque année, la carte en fonction de critères qui sont les mêmes pour l’ensemble du métier. »

Un politique n’a pas à choisir « son » ou « sa » journaliste

De son côté, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, confirme sur CNews que la journaliste vedette de France 2 Anne-Sophie Lapix a été écartée de l’animation du débat d’entre-deux-tours de la présidentielle par les équipes de Marine Le Pen, qui la jugent trop offensive et « a du mal à cacher son hostilité », insiste-t-il.
Selon Le Monde, la candidate du RN avait agi de même avec Patrick Cohen, pour une émission sur France 2 pendant la campagne du premier tour.
Dans un communiqué, le SNJ CGT « revendique l’indépendance des journalistes et des rédactions vis-à-vis des actionnaires de leurs médias, mais également vis-à-vis des pouvoirs politique et économique. » Le syndicat « refuse que les femmes et hommes politiques, d’autant plus quand ils briguent la plus haute fonction élective de la République, se permettent de choisir leurs interlocutrices et interlocuteurs journalistes. »

Journaliste ou porte-micro ?

A l’origine de l’attitude contre Anne-Sophie Lapix : les incohérences à propos du chiffrage économique du programme de Marine Le Pen que la présentatrice du 20h de France 2 avait pointé en 2012. A l’époque, elle était aux commandes de l’émission de Canal + « dimanche+ ». La journaliste avait confié à L’Obs que « C’était intéressant de voir que la candidate ne maîtrise pas le chiffrage de son projet”,
Faire preuve de ténacité, Anne-Sophie Lapix ne le réserve pas seulement à Marine Le Pen. En questionnant le Premier ministre Edouard Philippe, en mars 2020, sur « le retard » pris par la France dans la lutte contre la pandémie et la volonté du gouvernement de maintenir à tout prix le premier tour des Municipales, elle a suscité la colère du président qui a depuis pris ses distances avec France2.

De ce fait, mercredi 20 avril, dans des studios de la Plaine-Saint-Denis, c’est bien Gilles Bouleau, le présentateur du « 20 heures » de TF1, et Léa Salamé, qui animeront l’émission politique « Élysée 2022 », sur France 2, avec le débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle.
Selon Laurent Guimier, directeur de l’information de France Télévisions, « le duo, Léa Salamé et Gilles Bouleau a été proposé par TF1 et France 2 dimanche soir aux deux candidats », rapporte Le Monde. « Mon choix s’est porté sur Léa Salamé car elle anime nos émissions politiques. » ajoute t-il.
La Société des journalistes de la chaîne a condamné « Les pressions exercées par les candidats » pour le choix des présentateurs de ce débat.


 

 

 

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