Le Palais de la Bourse à Lille

Bruno Vouters, un œil à percer les secrets

Bruno Vouters : un œil, insatiable collectionneur de clefs. Avant de découvrir Les secrets du Palais de la Bourse, il faut imaginer Bruno Vouters, ancien rédacteur en chef adjoint de La Voix du Nord, confiné dans un petit bureau au troisième étage du Palais de la Bourse à Lille, encadré par une montagne de cartons, enseveli sous une montagne d’archives. Avant de partir à la découverte du bâtiment, il a fallu compulser les actes, les plans, les comptes rendus, dresser des cartes, échafauder des hypothèses, se replonger dans les strates du temps.

Alors, commence le voyage. A tout seigneur, tout honneur : le beffroi. Tout commence par une vision. « Et puis, un jour de grand soleil, au débouché de la rue Faidherbe, à la fin d’une belle matinée, comme je fixais ce donjon du commerce et de l’industrie planté de biais entre l’opéra et la veille bourse, c’est son œil qui m’a fasciné.

Son œil d’or allumé par les rayons du soleil (…) Depuis 1920, n’est-il pas le gardien officiel des jours et des nuits de la capitale des Flandres ? »

Depuis le beffroi du Palais de la Bourse, l’œil scrute la ville et ses hommes, épouse les mouvements d’une ville, marchande et capitale, tournée vers une métropole qui s’ouvre par le Grand Boulevard vers les pays du Nord de l’Europe. Par son regard caméra, avec l’allure élégante d’un Indiana Jones, Bruno Vouters emmène le lecteur derrière les gros yeux de l’horloge, et jusqu’au sommet de l’édifice, à hauteur des 26 cloches qui composent le carillon.

Quand le journaliste – explorateur redescend pour une promenade dans les intérieurs, c’est pour révéler les lieux les plus secrets, arpenter les travées métalliques signées Paindavoine juste au-dessus de l’immense verrière du hall d’honneur, soulever les tentures, relever une signature, filer la métaphore le long des murs et des fresques... apprécier à sa juste mesure le lustre du bureau du Président.

Comme en écho aux travaux actuels, Bruno Vouters poursuit avec un chapitre tout entier consacré au chantier de construction du Palais de la Bourse. Puis, il plonge dans le rêve d’un âge d’or où Lille vivait déjà de fêtes et de fastes. On mesure combien finalement les défilés de Didier Fusillier et de Lille 3000 ne sont que les héritiers des cortèges de la Toison d’Or des années 1951.

C’est la grande force de l’ouvrage de Bruno Vouters : offrir au lecteur un aller et retour permanent entre le dehors et le dedans du Palais de la Bourse, entre les décors les plus ostensibles et les lieux les plus secrets, entre les projets d’hier et ceux de demain.

En creux de l’ouvrage, il y a manifestement un autre livre que Vouters rêverait d’écrire. Un livre sur Louis-Marie Cordonnier où, sur quelques dizaines de mètre entre l’Opéra de Lille et le Palais de la Bourse, l’architecte se signe, dans toute l’étendue de ses sources, de ses inspirations, de ses audaces. Signature d’un homme de génie qui structure par la même occasion notre géographie urbaine. Comme si les racines flamandes de la Vieille Bourse et du Lille ancien étaient tout à coup projetées vers de nouveaux horizons. Par la force des arts, du commerce et de l’industrie.

Hervé LEROY

- Les secrets du Palais de la Bourse. La Chambre de Commerce et d’Industrie à cœur ouvert. Bruno Vouters. La Voix Editions.
Prix : 14,90 euros.


 

 
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