Face à la crise sanitaire, les journalistes nordistes sont obligés d’adapter leur façon de travailler. C’est le cas de Julien Bouteiller, journaliste à Lille Actu. « J’ai beaucoup plus d’activité, avec de nombreux sujets à écrire sur les initiatives mises en place, les mesures prises, les témoignages liés à la crise sanitaire, avec un vrai accent mis sur l’information service aux lecteurs », indique le journaliste
Autre changement, le télétravail. « L’équipe communique via Whatsapp pour se coordonner et aussi échanger et discuter des sujets. On privilégie très largement les échanges au téléphone ou par mail avec nos interlocuteurs et on ne se déplace que si c’est absolument nécessaire. Par ailleurs, notre temps de travail a été allégé pour cause d’activité partielle », ajoute-t-il.
Très peu de terrain
Le déroulement des journées sont occupées par la veille, la prise de contact, l’écriture d’articles ou encore le réseautage sur Facebook et Twitter. « Les seules différences étant que l’actualité est particulièrement riche et que l’on va très très peu sur le terrain », note-t-il
Pour Geoffroy de Saint Gilles, journaliste à La Voix du Nord, son quotidien professionnel n’a pas énormément évolué. « Je continue à couvrir l’actualité. Beaucoup de collègues sont en télétravail. La pagination a été divisée par deux mais il y a encore beaucoup d’actualité à traiter donc il faut faire des choix chaque jour pour décider de ce qui paraîtra dans le journal du lendemain », indique-t-il. Et de confier que cette « crise permet de nous rappeler que le journalisme n’est pas un métier de salon mais qu’il comporte aussi des risques à prendre pour informer la population. »
Pour Samuel Duhamel, responsable de bureau de M6 Lille, sa façon de travailler n’a également pas beaucoup changé. « Mon métier reste le même à part le respect scrupuleux des gestes barrières. Nous tournons parfois certaines séquences avec des perches pour maintenir une distance acceptable entre nos interlocuteurs et nous. Nous utilisons par ailleurs des masques sur des tournages jugés à risque (dans les hôpitaux, sur des dépistages Covid-19...). Nous essayons de travailler davantage de chez nous pour tout ce qui est recherche documentaire et calages de sujets. »
Des journalistes inquiets
Concernant l’organisation de ses journées professionnelles, Samuel Duhamel échange beaucoup plus avec ses collègues par téléphone ou Whatsapp afin de compenser le manque d’interactions qu’il a d’habitude de visu au bureau. « J’ai trouvé que les personnes que nous interrogeons étonnamment plus patientes et plus sympathiques que d’habitude, comme si le virus rapprochait les gens spirituellement en les éloignant physiquement », témoigne-t-il.
Enfin, de son côté François Cortade, journaliste photographe à Radio France, constate lui lors de ses reportages que « les gens sont plus inquiets et gardent de la distance ». Y compris chez les reporters de Radio France qui sont aussi « moins tranquilles lorsqu’ils partent en reportage. » Si la plupart sont en télétravail, tous n’ont pas à disposition tout le matériel nécessaire de protection, « ce qui accentue l’anxiété d’aller sur le terrain. »
Sur l’exercice de son métier de journaliste, François Cortade observe que les actualités circulent moins bien de la part des institutions « dont beaucoup de gens ne sont plus actifs » et que les commandes depuis Paris de reportages en région ont diminué au profit d’interviews téléphoniques. « C’est assez frustrant pour les journalistes à la longue de ne plus pouvoir aller autant sur le terrain qu’avant, note François Cortade. Ceci dit, ce manque d’information qui circule nous permet d’avoir un nouveau recul sur le traitement de l’actualité. »
M.P