Entretien avec Philippe Allienne, rédacteur en chef de Liberté Hebdo, sur la crise sanitaire

, par communication@clubdelapressehdf.fr

A l’occasion du déconfinement, Philippe Allienne, rédacteur en chef de Liberté Hebdo, revient pour le Club de la presse sur ses conditions de travail, la modification de pagination, l’évolution des contenus de son hebdomadaire et l’après confinement.

Quelles ont été vos conditions de travail durant le confinement  ?

« L’ensemble de l’équipe permanente (rédaction, secrétariat de rédaction, mise en page) est confinée et travaille de chez soi. C’est la même chose pour les collaborateurs extérieurs (pigistes et correspondants). La conférence de rédaction se déroule par skype le vendredi après-midi. Quelques reportages sont quand même réalisés sur le terrain avec, bien sûr, les précautions d’usage. Sinon, les interviews se font au téléphone. Pour le bouclage et le bon à tirer, je me rends au bureau pour des raisons pratiques liées au matériel. Sinon, la coordination se fait quotidiennement au téléphone ».

Avez-vous modifié votre pagination ?

« Comme pour tous les confrères, le confinement nous a un peu pris de court. Il a commencé un mardi midi alors que nous bouclons l’édition le jeudi. Evidemment, nous avions bien compris que cela irait bien au-delà des quinze jours officiellement annoncés. Nous nous sommes donc interrogés sur la pagination. Nous venions juste de passer de 16 à 20 pages hebdomadaires. Un retour aux 16 pages a été brièvement envisagé. Finalement, nous nous sommes adaptés à ce nouveau rythme et mode de travail. Nous avons gardé les 20 pages, même plus si nécessaire. Nous publions aussi des articles et informations différente sur notre site internet ».

Comment avez-vous fait évoluer vos contenus ?

« La première mesure que nous avons prise de concert a été la suppression de notre rubrique Actualités. C’est une rubrique très structurée, qui en une page, donne des informations sur les rendez-vous de la semaine, et des zooms sur l’actualité traités sous forme de brèves. La rubrique Rendez-vous a aussi été suspendue pour des raisons évidentes : disparition des manifestations et autres rendez-vous économiques et culturels. A la place, nous avons publié les encouragements des lecteurs en direction du personnel soignant et des autres professions en première ligne. Outre l’information pratique et les témoignages de lecteurs, nous avons largement ouvert nos colonnes à des contributions d’écrivains (comme Jérôme Leroy ou Luc Lang), à des politiques ou à des lecteurs qui apportent une réflexion sur la crise. Et puis bien sûr, nous consacrons des dossiers aux grandes questions liées à la crise, au confinement et au déconfinement ».

Comment vous organisez-vous pour le déconfinement ?

« Nous avons choisi de demeurer confinés pour des raisons pratiques, notamment pour ceux qui ont la garde de leurs enfants. Nous revenons à des informations classiques sur l’actualité, particulièrement l’actualité sociale, qui revient en force avec des manifestations que nous couvrons. Nous allons aussi, bien sûr, suivre l’après confinement, qui sera compliqué. Nous parlerons des luttes sociales qui avaient lieu avant (retraites, assurance chômage…) et nous traiterons aussi de la situation des gens qui subissent les conséquences de la crise sanitaire (suspension du chômage partiel...). Nous continuerons par ailleurs nos collaborations avec des intellectuels, évoqueront l’écologie ainsi que les initiatives du monde associatif et du service public (dont on se rend compte à quel point elles sont utiles). De plus, en tant que presse d’opinion, nous sommes là pour intervenir en évoquant de quelle société nous avons besoin (salaires normaux, emplois pour tout le monde…) et comment revoir complètement la manière dont nous étions organisés. Le libéralisme, que nous combattons à Liberté Hebdo en tant que journal d’opinion, a montré ses limites. Il faut penser à un autre mode de société, qui soit à la fois écologique, social et proche des gens ».

M.P


 

 

 

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