Grands prix 2012 : les lauréats et les reportages primés

Grand Prix jeune journaliste de presse écrite généraliste

Alicia Gaydier

« De la prison à l’emploi, un vrai parcours du combattant » paru dans La Voix du Nord
28 février 2012 – édition de Caudry au Cateau

Son parcours : Diplômée de l’Institut d’études politiques de Lille en 2006 et du master de journalisme du Celsa en 2008, Alicia Gaydier intègre la Voix du Nord peu après la fin de ses études. En CDD à la locale de Lille pendant 18 mois, puis au bureau de Caudry où elle est embauché. Après y avoir passé deux ans elle vient de rejoindre la rédaction d’Arras.
Elle est par ailleurs déjà lauréate d’un Grand Prix du Club de la presse, obtenu en 2008 dans la catégorie web, pour un reportage vidéo sur le Tri postal, à Lille, diffusé sur le site Internet d’Arte.

Son article : Publié dans une édition locale, celle de Caudry au Cateau-Cambrésis, l’article d’Alicia Gaydier n’en revêt pas moins un intérêt régional, voire « général ».
Le sujet, la réinsertion professionnelle et sociale d’un ex-détenu, est ici traité avec beaucoup de nuance et de pudeur. « D’un point de vue strictement légal, ne pas embaucher quelqu’un en raison de son passé judiciaire n’a rien de répréhensible », écrit notre consœur. Dès lors, elle décrit ce parcours semé d’embûches, d’espoirs, de déceptions pour un jeune qui a purgé une peine de prison.
On comprend que ce jeune a été condamné pour des actes graves. Mais une fois la peine purgée, il se heurte aux réticences de ceux qui détiennent les clés parmi les plus importantes de la réinsertion : les employeurs. La loi est la loi, on ne peut parler de discrimination. Pour autant, les anciens détenus ont peu de chance d’échapper à ce qui
ressemble à une double peine.
L’article, très équilibré, évite le piège de la sensiblerie pour informer avec efficacité sur une vraie question de société.

Voir l’article d’Alicia Gaydier

L’avis du jury : « Sur un sujet rarement abordé, l’article arrive à suggérer beaucoup de choses tout en amenant des informations au lecteur. Le sujet est bien traité, il raconte une histoire, avec du rythme, du ressenti, de la subtilité. Il faut de l’énergie pour trouver un
personnage, recueillir son témoignage...
 »


Grand Prix jeune journaliste de presse écrite locale

Claire Le Nestour

« Une douche pour faire mousser le lien social » paru dans Nord éclair
10 juin 2012 - édition de Lille

Son parcours : Claire Le Nestour a le goût du voyage. Durant sa formation à Sciences Po Rennes, qu’elle intègre en 2006, elle part étudier un an dans une petite université du sud de l’Inde avant
de mettre le cap sur Santiago du Chili. Elle atterri à Lille en 2010, son master de sciences politiques en poche, après avoir réussi le concours d’entrée de l’ESJ.
Durant cette période elle est correspondante locale pour Nord éclair et met un pied dans des rédactions aussi variées que Mediapart, Nordway Mag, Rue 89, France Culture, Okapi ou Ouest France.
Finalement c’est à Nord éclair qu’elle fait ses débuts quelques jours
après avoir été diplômée, en mai dernier. Elle a quitté la région en juillet pour un contrat au service société du Journal du Dimanche. Depuis elle s’est installée à Paris en tant que pigiste notamment pour le JDD, le Parisien Magazine, la presse jeunesse et France Culture.

Son article : Ringards, les bains publics ? Passés de mode ? Inutiles ? C’est vrai, rappelle Claire Le Nestour, ils ont disparu dans les années 1980. Sauf dans quelques villes, comme Lille. Et ils sont très fréquentés. Par des personnes sans abri, mais aussi par des gens « qui n’ont pas la salle de bain à la maison ou (…) qui ont cessé de l’utiliser parce que les charges sont trop lourdes ».
Notre jeune consoeur de Nord éclair a poussé les portes des cabines pour nous livrer un reportage généreux sur une réalité peu connue. Elle nous ouvre la porte d’un univers joyeux et indispensable. Là existe du lien social. Comme l’explique si bien le titre, on l’y fait mousser.
D’une écriture fluide et vive, Claire Le Nestour raconte avec lucidité et nous livre un contenu très riche. En prime, elle fait avec une infinie humanité. Elle aime les gens. C’est rafraîchissant et revigorant.
Le jury ne s’y est pas trompé. Il a voté à l’unanimité.

Voir l’article de Claire Le Nestour

L’avis du jury : « On sent l’odeur du savon, on entend les portes qui claquent... L’auteur livre ici un récit étonnant, plein de pudeur qui révèle une qualité extraordinaire : elle aime les gens et son article nous le prouve. »


Grand Prix jeune journaliste de télévision

Samuel Duhamel

« JO : la flamme l’anime » diffusé sur M6.

Son parcours : Diplômé de Sciences-Po Lille et de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (81e promotion), Samuel Duhamel fait ses premières armes en 2005 dans la presse quotidienne régionale (Nord éclair Vallée de la Lys). Après avoir couvert l’élection
présidentielle brésilienne en 2006 pour le magazine l’Age de Faire, il part à Paris et enchaîne les stages, piges et CDD dans plusieurs rédactions : le Parisien, LCI, télé et au service des sports de RMC. Il revient à Lille en 2008 et devient journaliste télé à temps plein au sein de l’équipe de M6, d’abord comme journaliste pour le 6 Minutes Lille,
jusqu’en 2009, puis comme correspondant pour le 12.45 et le 19.45. En parallèle il collabore à l’agence RMC Sports, notamment en commentant les matchs du Losc au Grand-Stade. Depuis 2010, il partage son expérience avec les étudiants de l’ESJ en étant
formateur en spécialisation télévision.

Son reportage : Parmi les symboles véhiculés par les Jeux Olympiques, la flamme est peut être le plus important. Son parcours à travers le Royaume-Uni a servi de compte à rebours avant l’événement sportif qui a trusté les audiences pendant les mois de juillet et août. Mais qui sont ces anonymes qui se sont relayés, la torche à la main, pour un périple de 13000 km ?
Ils étaient 8.000, sélectionnés parmi 100.000 candidats, et parmi eux Grégory, de Cappelle la Grande, pour qui l’événement représente « la course de sa vie ». Et même si le relais n’a duré que 300 mètres, le reportage nous montre que le nordiste a pris la tâche avec un grand sérieux, ne négligeant aucun aspect de sa préparation : course à
pied, « travail du geste et du mental »... tout pour être à la hauteur.
On voit également l’implication du reste d’une famille et comment elle se retrouve au cœur du plus grand événement sportif mondial de 2012.

L’avis du jury : « Un sujet traité de façon drôle, charmante et d’une légèreté assumée. Un ton qui colle parfaitement avec la ligne éditoriale du support, mais derrière ce parti pris le journaliste
nous apprend des choses étonnantes
 »


Grand Prix jeune communicant

Sarah Izza

« Faire connaître la BPCO » pour l’Agence Régionale de Santé du Nord – Pas de Calais.

Son parcours : A 28 ans, Sarah Izza a déjà eu deux vies professionnelles. Titulaire d’un BTS Audiovisuel et diplômée de la licence JORIS de Valenciennes, elle débute comme journaliste reporter
d’image à M6 Lille. Elle a ensuite été pigiste pour les bureaux Lillois de TF1, LCI et de l’AFP. Après trois ans, elle choisit de se diriger vers la communication et obtient en 2011 un master de journalisme d’entreprise et de collectivités à Lille 3. Suite à un passage au
sein du service communication interne de Nocibé, elle intègre en janvier 2012 le service communication de l’Agence régionale de santé Nord - Pas-de-Calais où elle assure les relations avec la presse.

Sa campagne :
La Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie silencieuse et peu connue qui tue 16.000 personnes par an en France . Elle touche près d’une personne sur dix dans le Nord - Pas de Calais, qui souvent ne le savent pas. Inscrite 4ème cause de mortalité évitable en 2030 par l’OMS, un grands travail de sensibilisation et de pédagogie doit être entrepris pour la faire connaître.
Les deux vidéos de cette campagne diffusées lors d’un colloque répondent à ces deux objectifs : d’une part faire prendre conscience au public de l’existence de la maladie, notamment les publics à risque ; d’autre part exposer les prises en charge qui permettent de vivre avec la maladie. En à peine plus d’une minute le micro-trottoir suffit à démontrer la méconnaissance de la maladie. La seconde vidéo fait intervenir médecins, personnels soignants et malades pour illustrer les modes de prises en charge. Un contenu à la fois pédagogique et humain, qui dédramatise et montre qu’il est possible de mieux vivre avec la maladie en mettant en place un suivi adéquat.

L’avis du jury :
« Un bel effort de construction pour rendre le sujet intéressant. On sent que la forme a été travaillée dans ce sens, et c’est un travail essentiel. Le micro trottoir est un excellent moyen de donner envie d’en savoir plus ! »


Grand Prix du reportage

Marie Goudeseune

« Deux jours dans la peau d’un médecin légiste » paru dans Nord éclair - 25 avril 2012

Son parcours : Marie Goudeseune est arrivée au journalisme par des chemins détournés. Après des études de philosophie, une maîtrise de sociologie et un DESS en droits de l’homme, elle travaille neuf mois comme magasinière dans une usine. Elle se découvre une vocation suite à une formation ANPE et deviens alors correspondante locale au Progrès (Lyon) pendant un an.
Le 22 février 2009 marque un tournant, puisque Nord éclair la prend à l’essai en CDD pour deux mois, à la locale de Villeneuve d’Ascq. Elle y reste finalement neuf mois, avant de rejoindre le service "région" du journal en octobre 2009 puis la locale de Lille où elle suit à la fois l’actualité lilloise et les faits divers de la métropole. Son intérêt se porte de plus en plus sur les faits divers, les faits de société et les reportages en immersion. En juin 2011, Nord éclair l’embauche définitivement. En juin 2012, dans le cadre de la fusion Nord éclair / La Voix du Nord, elle est nommée fait-diversière à la locale de Calais, poste qu’elle rejoindra prochainement.

Son reportage : Durant deux jours, Marie Goudeseune a suivi un jeune médecin légiste qui exerce à l’institut médico-légal de Lille. Par le détail, elle décrit la réalité d’un métier que nous ne connaissons souvent qu’à travers les fictions.
Dans ce reportage, nous découvrons les diverses facettes de la médecine légale. Le praticien, comme ses confrères généralistes, connaît des journées longues. Mais il les partage « entre les vivants et les morts ». Avec le respect pour point commun. Respect pour les victimes de maltraitances, de coups et blessures volontaires, de violences sexuelles. Respect pour les cadavres que l’on examine avec minutie et que, éventuellement, l’on dissèque.
Marie Goudeseune a voulu cerner le regard que porte le médecin légiste sur la mort. La distance est nécessaire. « Mais le jour où ça ne me fera plus rien d’être confronté à une personne décédée, c’est qu’il faudra changer de métier », explique l’un d’eux.
Bien sûr, le reportage ne fait pas l’impasse sur le récit d’une autopsie. Les détails peuvent être crus. Tel qu’il est décrit, le travail des légistes montre que le scandale des corps non recousus, à Lens, pouvait être évité.

Voir l’article de Marie Goudeseune

L’avis du jury :
« Un sujet orignal et délicat qu’il était impossible de traiter du bout des lèvres. La journaliste n’épargne pas les détails dérangeants mais casse aussi des a priori au passage. »


Grand Prix de l’enquête

Alexandre Lenoir

« La coke au dope niveau » paru dans Nordway.

Son parcours : Diplômé de l’école supérieure de journalisme de Lille en 2002, Alexandre Lenoir change complètement de trajectoire après une première expérience de 6 mois, qu’il qualifie lui même « d’à la fois heureuse et étrange », au service société/culture du magazine
l’Express. Chanteur et guitariste du groupe Les Blaireaux, il co-écrit cinq albums et passe les dix années suivantes sur la scène.
Les presque mille concerts ne lui ont pour autant pas fait quitter totalement le monde du journalisme, métier qu’il estime « fascinant, en partie parce qu’il répond à mon insatiable curiosité". Il collabore régulièrement pour le magazine L’Express, mais également depuis
deux ans pour le magazine Nordway et le site régional d’information Daily Nord.
Alexandre Lenoir a été le premier lauréats du Grands Prix jeune journaliste de presse généraliste en 2002.

Son reportage :
Le jury a distingué un article, publié par le magazine « Nordway », sur la montée en puissance de la consommation de cocaïne dans la région. D’une écriture alerte, le journaliste décrit comment cette drogue dure peut débarquer à l’improviste dans la vie des jeunes actifs. Comme un cadeau, pourquoi pas, jeté sur une table lors d’un apéro.
Détail croustillant dans l’exemple choisi, le cadeau en question provenait d’une saisie et était offert par… un jeune commissaire de police !
Alexandre Lenoir a mené son enquête auprès des bars lillois et des associations qui luttent contre cette dépendance. Il a rencontré des sociologues et un psychiatre. Sans oublier les consommateurs eux-mêmes. En dix ans, écrit-il, la consommation a doublé en
France. Si la coke demeure un produit coûteux, elle séduit de nombreux jeunes de 17 à 25 ans qui en ont moins peur qu’avant. « La cocaïne est en phase avec notre société de consommation », affirme un psychiatre. Mais contre elle, il n’existe pas de traitements
efficaces.

Edifiant et… effrayant

Télécharger l’enquête d’Alexandre Lenoir

L’avis du jury :
« Des histoires très documentées et révélations »


Prix spécial du Jury

Haydée Sabéran

« Ceux qui passent », aux éditions Carnets Nord/Ed Montparnasse.
Mars 2012

Son parcours :
Haydée Sabéran est diplômée du Cuej de Strasbourg, pigiste, correspondante de Libération à Lille depuis 13 ans. Elle suit depuis 12 ans l’affaire de Sangatte et ses suites dans le Nord, le Pas-de-Calais et en Grande-Bretagne. Elle a débuté à Nord éclair comme localière dans la banlieue de Lille. Elle a participé à l’aventure collective de La France invisible, paru en 2006 aux éditions de La Découverte. Elle enseigne à l’ESJ de Lille et au CFJ à Paris. En 2011, elle a consacré près de 9 mois à l’écriture de Ceux qui passent, paru en 2012 aux éditions Carnets Nord.

Son reportage : Le jury ne voulait mettre sur le même plan le livre d’Haydée Sabéran et les reportages publiés dans les organes de presse. Le livre permet l’espace et le temps qui manquent habituellement aux journalistes.
Avec « Ceux qui passent », Haydée Sabéran nous offre un magnifique reportage doublé d’une solide enquête. Précisément, les premières lignes annoncent une démarche journalistique particulièrement salutaire. Correspondante pour le quotidien « Libération », la journaliste est chargée par ce dernier d’écrire un article sur le centre de la Croix-Rouge de Sangatte où vivent des migrants en attendant de franchir clandestinement la Manche. Elle doit y chercher des Chinois et ne dispose que de quelques heures pour livrer son papier. Un challenge d’autant plus difficile qu’à cette époque, en juin 2000, il n’y a pas de Chinois à Sangatte !
Bien au-delà du factuel, notre consoeur plonge résolument dans un dossier des plus compliqués, où les associations solidaires se battent contre la volonté de l’Etat pour accompagner et protéger ces milliers de migrants. Au fil des années, Haydée Sabéran rencontre tout le monde, se fait accepter partout, écoute et observe avec une rare acuité.
Chacun des 21 chapitres est conçu comme un reportage en soi. Le lecteur découvre un peuple qui souffre, qui espère, qui déprime, qui s’entraide, qui se bat, qui meurt. Il découvre aussi ces très nombreux acteurs, souvent anonymes, et qui se retrouvent dans leurs
différences pour apporter leur part de solidarité et d’humanité.
Surtout, ce livre-document répond à une question cruciale : faut-il ou non parler de ces migrants dont la détermination et le courage sont hors du commun ? Ne risque-t-on pas d’encourager un phénomène qui effraie l’Europe ? Ne risque-t-on pas, à l’inverse, de mettre « ceux qui passent » en danger ? La réponse est claire : oui, il faut en parler. Pour faire connaître et faire comprendre.
Le jury a été unanime pour décerner à Haydée Sabéran un prix spécial du jury.

La couverture du livre d’Haydée Sabéran "ceux qui passent"

L’avis du jury :
« Il faut saluer la démarche d’Haydée Sabéran et son travail de longue haleine pour gagner une crédibilité auprès des migrants et de ceux qui les aident. Elle prend également de la distance et analyse plus largement le travail de la presse et l’impact de sa présence. »


 

 

 

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