Huit jeunes talents récompensés aux Grands prix du Club

La cinquième édition des Grands prix du Club de la presse s’est déroulée mardi 24 octobre au Forum des sciences, à Villeneuve d’Ascq. Les prix ont été remis par deux anciens lauréats à de jeunes professionnels de la région, dans les catégories suivantes : presse écrite locale, radio, communication, presse écrite sportive, presse écrite d’entreprise ou de collectivité, télévision, presse écrite généraliste. Le jury a également choisi d’attribuer un coup de cœur.

Tout le monde a, un jour ou l’autre dans sa vie professionnelle, commis au moins une bourde. Les membres du jury des Grands prix du Club de la presse pas moins que les autres… Ils ont même accepté de les raconter devant une caméra, pour des interviews (1) diffusées à l’occasion de la remise des cinquièmes Grands prix du Club, qui s’est déroulée mardi 24 octobre, au Forum des sciences de Villeneuve d’Ascq. On retiendra par exemple les confidences de Daniel Deloit, directeur de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille. Alors en poste à France Bleu Normandie, il a participé à un canular de 1er avril, organisé de mèche avec une compagnie de théâtre, consistant à faire croire qu’une pluie de météorites, causant de nombreux dégâts, s’étaient abattue sur la région. La blague a si bien marché que l’« information » a rapidement été reprise en boucle par les médias nationaux et internationaux… « Cela m’a fait réfléchir sur le métier », témoigne Daniel Deloit.

« Même quand on croit être sûr, il vaut mieux vérifier… »

Amusante également, cette anecdote rapportée par le rédacteur en chef de Liberté Hebdo, Jean-Louis Bouzin, sur un tableau reproduit, à l’occasion d’une exposition organisée en Belgique, en première page… mais à l’envers… Ou encore, l’histoire de ce couple photographié dans un parc pour illustrer le dossier d’un magazine municipal sur les personnes âgées. Il s’agissait d’un curé et de sa gouvernante, confie Denise Vaast, aujourd’hui chargée de communication au Conseil général du Pas-de-Calais. Plus dramatique, ce souvenir évoqué par Marc Dubois, président du Club de la presse. En 1996 ou 1997, « en pleine explosion du nombre de victimes de l’amiante », il avait fait le point avec le responsable d’une association de défense de victimes. La discussion avait servi de base à son article. Le responsable avait notamment évoqué le nom de personnes emportées par la maladie dans les semaines précédentes. Malheureusement, parmi elles, figurait un malade qui n’est décédé que quelques semaines plus tard. Marc Dubois en a gardé une leçon : « Même quand on croit être sûr de ses sources, il vaut mieux vérifier… »

Le président du Club, Marc Dubois, et Jacques Hardoin, directeur de la publication de la Voix du Nord, président de Nord Eclair et membre du jury de cette Edition des Grands Prix / Photo Eric Pollet

Cette année, les candidats des Grands prix étaient 77. On n’en avait jamais autant compté lors des quatre précédentes éditions. « Le jury l’a souligné, la progression se mesure tant en quantité qu’en qualité, a expliqué Marc Dubois en ouvrant la cérémonie. En témoigne le nombre important de candidats en presse écrite locale par exemple, ce cru 2006 confirmant ainsi ce que nous avions déjà perçu les années précédentes : le souci de proximité et d’investigation des jeunes journalistes, leur volonté d’aller sur le terrain et de rendre compte, de témoigner du vécu. Cette richesse est d’autant plus remarquable dans un contexte où les formats, les espaces limités, la précarité, le manque de temps, les tâches multiples, la polyvalence à outrance, rendent la tâche difficile, quand ils ne sont pas dissuasifs au point de lasser certains. »

Entrecoupés par la projection des dessins réalisés (en direct) par Serdu, les prix (2) ont été remis par deux anciens lauréats des Grands prix, Violaine Magne, journaliste à Nord Eclair, et par son confrère de La Voix du Nord, David Monnery.

Les lauréats

Presse écrite locale : Thibault Dupont

Marc Dubois, président du Club de la Presse, remet le prix au nom de la Banque Populaire du Nord à Thibault Dupont/ Photo Eric Pollet



Avec son article titré « Perdu entre deux mondes » (paru dans Nord Eclair le 16 juin 2006), Thibault Dupont signe un portrait attachant, celui d’un sans domicile fixe de Lille, ancien pianiste de bar. Beaucoup l’ont un jour croisé, peu ont fait la démarche de discuter avec lui. « C’est la curiosité » qui a poussé Thibault. « Le fait d’être journaliste m’a permis d’y aller sans gêne, m’a donné un crédit… », confie-t-il. Aujourd’hui encore, il croise de temps en temps celui dont il a fait le portrait. « On n’a jamais parlé de l’article à deux, cela reste très pudique… »

Radio : Gaëlle Rolin

Christine Dericq, responsable de la communication à l’Agence de l’Eau Artois Picardie, remet le prix à Gaëlle Rolin / Photo Eric Pollet

Diffusé sur Radio France Internationale, le reportage de Gaëlle Rolin ( « Sous les jupes des Algéroises ») évoque l’expérience d’une créatrice de lingerie féminine roubaisienne, Amaria Sedrini. La journaliste a accompagné la styliste en Algérie à l’occasion d’un défilé organisé à Alger. « C’est juste une femme qu’on a envie de suivre », explique Gaëlle, qui ajoute que la créatrice n’a pas présenté ses modèles les plus déshabillés, par souci de ne pas provoquer.

Communication : Amandine Burul

Philippe Chastre, directeur de la communication de la Banque Scalbert Dupont, remet le prix à Amandine Burul/Photo Eric Pollet



Amandine Burul a soumis au jury une campagne organisée pour l’agence lensoise Tutti Frutti Communication et intitulée « SurPrises ! Des femmes et un homme posent contre leur cancer ». Un sujet difficile mais traité pour l’occasion avec beaucoup de finesse, à travers notamment des portraits photographiques. Ces photos, réalisées par une jeune photographe toulousaine, Dominique Tépé, ont notamment donné lieu à une exposition itinérante.

Presse écrite sportive : Laurent Guenneugues

Christine Dericq, responsable de la communication à l’Agence de l’Eau Artois Picardie, remet le prix à Laurent Guenneugues / Photo Eric Pollet


Passionné par ce sport depuis tout petit, Laurent Guenneugues a d’abord pratiqué le basket. Puis, devant les retransmissions de matchs à la télévision, il prenait des notes, avant de faire son compte-rendu sur ordinateur. Aujourd’hui journaliste à La Voix du Nord, il a eu l’occasion de s’intéresser, à l’occasion d’un tournoi à Douai, à ces éclaireurs des grands clubs américains, envoyés détecter les jeunes talents en Europe. Avec son article (« Quatre "scouts" NBA à la recherche des nouvelles stars au Mondial de Douai », il a voulu « montrer cette face du sport un peu moins connue ».

Presse écrite d’entreprise ou de collectivité : François Dufay

Corinne Malfilatre, assistante de communication des Brasseries Heineken, remet le prix à François Dufay



Qui n’a jamais râlé contre les crottes de chien sur les trottoirs ? Les maires en savent quelque chose, tant le sujet est sensible chez leurs concitoyens. François Dufay en a fait un sujet, plein d’humour, pour le journal municipal de Calais, Calais réalités. Intitulé « La crotte ou le bâton », son papier avait un but précis. « Dans cet article, il me fallait rappeler tout ce que la municipalité avait fait pour combattre ce fléau », rappelle François. Parmi celles-ci, la décision de distribuer des amendes aux maîtres inconséquents.

Télévision : Marie-Candice Delouvrié

Laurent Vitoux, directeur régional de France Telecom (Orange), remet le prix à Marie-Candice Delouvrié / Photo Soizic Baron

Le plus petit phare à terre de France mesure 29 mètres. Il est à Petit-Fort-Philippe. Marie-Candice Delouvrié en a fait le sujet d’un reportage diffusé sur France 3 Nord Pas-de-Calais Picardie. Plus précisément, c’est « une enfance à 29 mètres d’altitude » qu’elle a racontée, à travers les souvenirs de deux des enfants du gardien du phare, aujourd’hui décédé. « Les soirs de tempête, on ne dormait pas », se souvient le fils. « Il y a là une histoire humaine derrière, comme souvent avec les phares », note Marie-Candice. Elle n’a pas manqué de remercier l’équipe (« Car c’est pour ça que j’ai choisi la télévision ») avec qui elle a réalisé ce reportage.

Presse écrite généraliste : Mathieu Pagura

Philippe Vasseur, président du Crédit Mutuel Nord Europe, remet le prix à Mathieu Pagura / Photo Eric Pollet

Au départ, il y a une rencontre avec un informateur qui est aujourd’hui devenu un ami, mais également indésirable à Roubaix à cause des propos qu’il a tenus. Messaoud Bouras s’est notamment élevé contre la distribution de subventions à des associations islamistes radicales de Roubaix. A partir de son témoignage, complété par de longues semaines d’enquête sur le terrain et de nombreux entretiens, Mathieu Pagura a réalisé un dossier (« Des "Verts" tendance Islam »), paru dans Valeurs Actuelles en mars 2006. Mathieu avait proposé son sujet à de nombreux magazines. Valeurs Actuelles a accepté de le diffuser sans y apporter de coupes ni de modifications.

Coups de cœur du jury : Jordan Pouille

Philippe Pelzer, directeur de la communication de Tereos, remet le prix à Jordan Pouille / Photo Eric Pollet



Le monde des « coqueleux », comme on nomme dans la région les amateurs de combats de coqs, est difficile à pénétrer. Jordan Pouille, qui a réalisé un article (« Matchs Poids Plume ») sur le sujet paru dans Le Monde 2 en janvier dernier, a pu s’en rendre compte. Ainsi, le photographe qui devait travailler avec lui n’a pas pu assister aux combats. Il a fallu reprendre des photos déjà parues ailleurs. « C’est assez macho, les combats de coq », remarque Jordan, visiblement encore marqué parce qu’il a vu…

Ludovic FINEZ

(1) Les interviews des membres du jury ont été filmées par les élèves de 1ère L, option cinéma-audiovisuel, du lycée Emile Zola de Wattrelos.

(2) Faute de candidats en nombre suffisant dans ces catégories, les prix du jeune photographe et de la presse web n’ont pas pu être attribués.

Voir la liste des membres du jury.

Voir la liste des partenaires des Grands prix 2006.

Voir les articles et reportages primés.


 

 

 

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