L’Amendement Creton toujours là 30 ans après

, par communication@clubdelapressehdf.fr

À l’occasion d’un débat sur les 30 ans du dispositif, qui a eu lieu lundi 9 mars au Nouveau Siècle, le Club de la Presse Hauts-de-France recevait Claude Hocquet, président de l’Udapei (organisme de soutien et de services aux personnes handicapées) et Gilles Van Herst, président de l’Apei de Cambrai. Ils étaient accompagnés de Michel Creton pour défendre l’amendement adopté en 1989 au nom du comédien dans le but de protéger les personnes atteintes de handicaps lourds après leur majorité.


Adopté en 1989 à l’unanimité des parlementaires, « l’amendement Creton » autorise le maintien en établissement spécialisé des personnes atteintes d’un handicap sévère après leurs vingt ans. Fruit d’une campagne de sensibilisation de longue haleine menée dans les années 1980 par le comédien Michel Creton auprès des milieux politiques, il a permis d’empêcher le retour à domicile, sans activité ni accompagnement, de nombreux adultes handicapés.

Cette mesure conçue à l’origine comme transitoire a cependant généré des effets pervers. En allongeant les listes d’attente en centre d’accueil spécialisé, elle prive certains enfants d’une prise en charge précoce indispensable à leur autonomie. De plus, elle mélange deux publics aux besoins très éloignés, ce qui rend parfois l’accompagnement plus compliqué. En 2014, 5 700 jeunes bénéficiaient du dispositif selon le rapport de la DREES. Avec une surreprésentation du handicap de 20 %, les Hauts-de-France sont l’une des régions les plus concernées.

Soulagement

Lors son discours à la conférence nationale du handicap le 11 février dernier, Emmanuel Macron annonçait qu’il n’y aurait pas de retour sur « cette avancée historique » et « majeure ». La veille, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, déclarait que « ni l’esprit ni lettre de amendement Creton ne seraient altérés ». Les associations de parents (Apei) soupirent de soulagement. Une note de juin 2018 adressée aux ARS par Sophie Cluzel avait en effet suscité l’émoi de nombreuses familles inquiètes de se retrouver sans solution. La secrétaire d’État en charge des personnes handicapées y appelait les agences de santé à réduire de 20 % par an les situations d’amendement Creton, ce qui faisait craindre un « détricotage » de la mesure.

À ce rythme, « au bout de 5 ans, il n’y a plus de dispositif », déplore Gilles Van Herst qui évoque « une histoire de gros sous » et une idéologie « uniquement financière ». En l’absence de places vacantes dans les établissements spécialisés, le président des Papillons blancs de Cambrai demeure sceptique sur l’objectif fixé par le président de la République d’endiguer le départs d’enfants ou d’adultes en situation de handicap vers la Belgique d’ici à 2021. Claude Hocquet se veut lucide : « certains ne pourront pas profiter des dispositifs d’inclusion proposés par le gouvernement ». Outre de nouvelles places en centre spécialisé, il propose la création de places d’accueil temporaire pour « donner du répit aux parents ».

A.B


 

 

 

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