Edito

20 octobre 2011

Le goût du terrain

La vigne s’épanouira-t-elle sur ce terril du Pas-de-Calais ? Comment Fabrice, sans domicile, occupe-t-il ses journées ? Qui sont les chrétiens d’Irak ? Les « anti-pub » sont-ils des délinquants ? Samuel sera-t-il mieux en prison ou à l’hôpital ? Que dire d’un endroit où il ne se passe rien ? Aviez-vous remarqué que votre collègue était handicapé ?

C’est sûr, les jeunes professionnels, dont le travail est mis à l’honneur avec les Grands Prix 2011 du Club de la presse, ont le goût du terrain et un réel talent pour témoigner, rendre compte, partager et donner des clés qui nous aident à comprendre le monde.

Les membres du jury, composé de professionnels du Nord-Pas de Calais, ont éprouvé beaucoup de plaisir à se plonger dans les reportages, les portraits et les enquêtes soumis par les quelque 110 candidats de cette édition 2011. Ils ont pu apprécier l’originalité des sujets, la pertinence de leur traitement.

Ces qualités ne sont pas propres aux seuls jeunes journalistes. En prenant l’initiative de lancer, à l’occasion des dix ans des Grands Prix, un prix du reportage, ouvert aux journalistes de tous âges et de tous médias, le Club de la presse Nord-Pas de Calais veut soutenir un genre utile, indispensable même, à la démocratie. Les élus doivent connaître les conséquences des décisions qu’ils prennent en assemblée. Les familles doivent savoir comment sont soignés leurs aînés… Quoi de mieux qu’un reportage pour l’exprimer ? Quoi de mieux pour satisfaire notre saine curiosité ?

Mais ce travail coûte cher. Il réclame du temps, des déplacements, de la préparation. Dans les rédactions qui fonctionnent à flux tendus, le reportage devient rare. Il faut saluer l’effort de celles qui le favorisent. Manifestement, cet effort paye, comme le montre le succès des festivals de photo-reportage ou des revues comme XXI, 6 mois ou Polka.

Au sein du Club de la presse, principal réseau de journalistes et de communicants de la région, nous sommes nombreux à penser que, si tous les genres du journalisme sont nécessaires, certains méritent d’être encouragés.

Le flux de l’information ne s’arrête jamais. L’info n’a jamais été aussi accessible ; les sources jamais aussi nombreuses. Mais il faut plus de 140 signes pour saisir les enjeux d’une question. Les fils info et les réseaux sociaux ne délivrent pas les mêmes éléments qu’une bonne enquête. Etre le premier à « balancer une info » n’est pas la même chose qu’être celui qui décryptera le mieux la masse de ces infos. Enquêter, décoder, analyser, décrypter représentent des enjeux auxquels doivent encore répondre les journalistes. Voilà qui vaudrait bien un nouveau prix !

Mathieu Hébert


 

 

 

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