Il est des marronniers agréables à fêter et l’exposition 2007 des photographes du Nord – Pas de Calais me touche particulièrement. En effet, donner à voir l’environnement d’une région si durement éprouvée par deux siècles d’intense activité industrielle pourrait provoquer un commentaire amusé ou un sourire poli. Et pourtant. Parce que nous sommes les héritiers d’une terre balafrée par l’exploitation minière, marquée des stigmates de la sidérurgie, nous avons plus que d’autres entrepris et réussi la reconquête de notre cadre de vie. Aujourd’hui les fosses se sont tues, les hauts fourneaux se sont éteints. Il demeure les chevalements, les tubulures, témoins désormais muets de ces activités humaines. Le temps a fait son œuvre et alors que la nature reprend ses droits en haut d’un terril ou le long d’une ancienne fonderie, ces vestiges de notre passé exposent des charmes surprenants. C’est le talent du photographe de les débusquer avec émotion. A regarder cette exposition, parfois déroutante, on se dit que ce peut-être magnifique un soleil couchant sur une ancienne usine et bucolique l’herbe et les fougères qui envahissent une friche industrielle. Ces paysages sont notre histoire, celle de nos pères, et notre fierté. Ils s’unissent avec harmonie aux ciels changeants et tourmentés de la mer du Nord, aux plages sauvages, demeurées identiques à celles que peignaient Turner, tout droit débarqué du « ferry-boat » qui l’amenait d’Angleterre. Avec talent, cette exposition invite à découvrir ces deux versants de notre environnement qui font notre région, solidaire, une et à jamais indivisible.
Pierre Mauroy
Président de Lille Métropole Communauté Urbaine
