Ceux qui sont qualifiés d’"agent de l’étranger" sont tenus de se présenter comme tel dans chacune de leurs publications, y compris sur les réseaux sociaux. Les médias qui les mentionnent doivent également le préciser à chaque fois et c’est ce qui a été reproché à Novaïa Gazeta .
Le rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, prix Nobel de la paix 2021, a fini par craquer. Il explique, lundi 28 mars, avoir pris cette mesure terrible et douloureuse car « il faut que nous nous protégions les uns les autres", écrivait-il dans une lettre adressée aux lecteurs du journal.
Le journal avait déjà retiré de son site internet toutes les informations sur la guerre en Ukraine pour se mettre en conformité avec une nouvelle loi sur les médias punissant de 15 ans de prison toute information non officielle.
Selon lui, sa rédaction a poursuivi son travail pendant 34 jours "dans les conditions d’une censure militaire", depuis le lancement de l’offensive russe. Reporters sans frontières a réagi, sur Twitter, en appelant les autorités à cesser leurs "politiques de censure".
Depuis le déclenchement de l’opération militaire, les sites de nombreux médias russes ou étrangers ont été bloqués en Russie. Novaïa Gazeta faisait figure de dernier bastion de la presse libre encore en activité.
Un journal qui jouit d’une grande réputation pour ses enquêtes sur la corruption et dont l’engagement a coûté la vie à six de ses collaborateurs, parmi lesquels la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006.
Russie : Face aux pressions, le journal Novaïa Gazeta suspend sa parution
Le journal indépendant russe Novaïa Gazeta a annoncé, lundi 28 mars, la suspension de ses publications en ligne et au format papier jusqu’à la fin de l’intervention russe en Ukraine. Cette décision intervient à la suite d’un second avertissement du service russe de supervision des télécoms pour manquement à une loi controversée sur les "agents de l’étranger". Une loi utilisée comme une arme contre les organisations ou individus critiques du Kremlin.