L’annonce de la suppression de la redevance audiovisuelle le président de la République a provoqué beaucoup d’émotion à l’exemple du centriste Laurent Lafon, président de la commission culture du Sénat qui estime que « c’est une fragilisation du service public. » De son côté, le sénateur socialiste David Assouline « y voit une idée électoraliste et démagogique à un moment où l’on voit combien il est important d’avoir des journalistes non soumis au pouvoir politique ».
La réponse des syndicats n’a pas tardé. La redevance est à ce jour le seul mode de financement pérenne, garantissant l’indépendance de l’audiovisuel public écrit le SNJ CGT dans un communiqué de presse. Il appelle à un véritable débat sur le rôle de l’audiovisuel public en France. A l’heure où les populismes et les fake-news prospèrent, il est indispensable de disposer de médias de référence exemplaire, au financement assuré.
Chaque année, 28 millions de foyers et 79 000 entreprises s’acquittent de 138 euros pour financer France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’INA, qui touchent ainsi 3,2 milliards d’euros. Bousculer tout l’édifice risque de provoquer une perte d’indépendance de la télévision et de la radio publiques.
« La reprise de cette proposition, déjà défendue par Marine Le Pen et Éric Zemmour, est d’un cynisme insupportable », écrit sur son blog Pascal Rogard, directeur général de la SACD qui représente les auteurs.
Et si le candidat en profitait pour remettre de la publicité après 20 heures sur les antennes de France Télévisions ? Ou en rajouter sur les ondes de Radio France ? Une manière, pensent certains, d’alléger la facture pour l’État.
Selon Le Figaro, en 2022, la redevance payée par les contribuables rapportera 3,2 milliards d’euros net. Et le gouvernement ajoutera 600 millions pour compenser le non-paiement de cette taxe par les ménages aux revenus les plus faibles. Demain, si la redevance est supprimée, l’État devra donc mettre de sa poche 3,8 milliards d’euros par an.
Interrogé sur France Inter, Gabriel Attal, s’est voulu rassurant : « On a besoin d’un audiovisuel fort. Ce que nous proposons de supprimer ce n’est pas le financement, c’est l’outil », a précisé le porte-parole du gouvernement.
La piste d’un budget voté pour cinq ans a été évoquée et « On peut imaginer une loi de programmation, à l’instar de ce que l’on fait dans la recherche. Ce mécanisme nous engagerait politiquement et empêcherait Bercy de revenir dessus chaque année. » explique Aurore Bergé, députée de La République en marche.
Suppression de la redevance audiovisuelle. Le financement pérenne de l’audiovisuel public serait en péril
Lundi soir 7 mars, le président de la République, candidat à sa succession, a annoncé son intention de supprimer la redevance audiovisuelle s’il est réélu. Plusieurs de ses rivaux, à droite et à l’extrême droite, dans la course à l’Élysée sont aussi pour cette suppression.