Une affiche pour Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier

Jeudi 20 mai, le Club de la presse a accroché une nouvelle banderole sur sa façade, rue de Courtrai à Lille. On y voit désormais les visages et les noms de nos confrères de France 3 kidnappés en Afghanistan depuis près de cinq mois.

Toujours aucune nouvelle depuis la vidéo diffusée par France 3, le 12 avril. Aucun signe permettant de croire à une prochaine libération des journalistes. « C’est long. Très long » soupire une proche d’Hervé Ghesquière. Ce dernier a été enlevé avec Stéphane Taponier et leurs trois collaborateurs le 30 décembre, sur la route de Kapisa, au nord-est de Kaboul.

En reportage pour la magasine d’enquête « Pièces à Conviction », de France 3, il avaient suivi les consignes de sécurité de l’armée depuis début décembre 2009, c’est-à dire depuis le début de leur arrivée en Afghanistan. Quelques jours avant leur retour à Paris, les deux reporters décident d’ajouter des témoignages et de réaliser d’autres plans sur cette route stratégique, objet de leur reportage. Voilà ce que, de toute évidence, leur reprochent l’armée et l’Elysée.

(Photo M.D.)

Parce que nos confrères ont fait leur métier, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, a dénoncé, le 17 février, leur « imprudence coupable » et « leur recherche du scoop à tout prix  ». Déjà, on parle des risques pour l’armée et du coup engendré pour leur libération. Plus tard, le 21 février, le chef d’Etat major des armées, le général Georgelin, franchit un pas supplémentaire dans l’odieux. « La France a déjà dépensé 10 millions d’euros pour cette affaire » déclare-t-il. Quant au chef de l’Etat, son agacement est palpable. Il prévient que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière devront s’expliquer à leur retour. Ces déclarations ont toutes été faites avant le 12 avril, date de la diffusion par France 3 de la dernière vidéo envoyée par les talibans. Jusque là, aucun journaliste n’avait rompu la discrétion imposée par le pouvoir et la direction de France3. C’est ce soir du 12 avril, dans le 19/20, que la chaîne publique décide de rompre le silence sur l’identité des journalistes.

Leur visage est montré, mais la direction refuse un sujet sur leur travail. Pour la rédaction, il s’agissait de battre en brèche les arguments de l’Elysée tendant à mettre en cause le professionnalisme d’Hervé et de Stéphane. On sait en effet que Hervé Ghesquière a couvert les guerres en ex-Yougoslavie, au Rwanda, en Irak, au Cambodge. Stéphane Taponier a quant à lui filmé une demi-douzaine de conflits en Afrique, en Irak en guerre et aussi en Afghanistan.

A ce jour, on ne peut que regretter l’extrême timidité des médias. On est bien loin des mobilisations en faveur des journalistes Chesnot et Malbrunot, puis Florence Aubenas, lorsqu’il étaient otages en Irak. Chaque jeudi, France Télévision, les stations de Radio France, TF1 et RTL rappellent que nos confrères sont toujours détenus. La presse écrite est rare à lui emboîter le pas, à l’exception de l’Humanité.

La banderole posée le 20 mai sur la façade du Club y restera jusqu’au retour de Stéphane et Hervé. D’ici là, d’autres actions seront menées. Nous savons, depuis la libération de Chesnot, Malbrunot, Aubenas, mais aussi, en Italie, de Giliana Scgréna, et de bien d’autres, que la mobilisation de l’opinion publique est importante. L’isolement, le sentiment d’oubli et l’indifférence ne doivent pas s’ajouter à la lâcheté des ravisseurs.

Philippe Allienne

(Photo M.D.)

Voir le reportage de Grand Lille TV


 

 

 

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