Pascal Percq dépose sa plume Salut à toi, cher confrère, cher ami !

, par Faouzia

En apprenant la disparition de Pascal Percq, ce samedi 3 février, les souvenirs nous submergent. Ils sont autant d’éléments précieux à la mémoire de notre profession qu’à celle du Club de la presse dont il est co-fondateur. Pascal a été journaliste pour Nord-Éclair de 1967 à 1998. Il a aussi écrit pour le Point, La Vie, Politis et a été administrateur de Témoignage Chrétien.

C’était au début de l’année 1992. Nous étions une poignée de journalistes de la région à nous retrouver, en fin d’après-midi, dans le bureau lillois du quotidien « Nord-Éclair ». A cette époque, la machine à écrire régnait encore sur les rédactions. Celle de Pascal crépitait. Penché sur un article à rendre d’urgence, le grand reporter se dépêchait avant de se joindre à nous. C ’est que nous nous apprêtions à prendre la route pour Mons, en Belgique. Nous avions rendez-vous à la Maison de la presse de nos voisins. Objectif : recueillir le témoignage de celles et ceux qui animaient cette association de journalistes et mettre à profit leur expérience pour créer notre structure.

Pour la plupart responsables de rédactions ou de services, qui à « La Voix du Nord », « FR3 », « Nord Matin », l’AFP, La « Croix du Nord », « Fréquence Nord », « M6 » et d’autres encore, nous nous retrouvions déjà depuis plusieurs mois dans le but de créer un Club de la presse dans le Nord – Pas de Calais. L’aventure commençait, Pascal en était et non des moindres.
Quelques mois plus tard, en mars 1992, il faisait partie de l’équipe fondatrice de notre association et du conseil d’administration qu’avait bien voulu parrainer Jules Clauwaert, figure emblématique de « Nord-Éclair ». En même temps (de 1992 à 2000), il a présidé le bureau français de l’Association des journalistes européens (AJE).

Car Pascal avait cette trempe de professionnel et de militant. Militant du journalisme et de l’information bien sûr. Mais, sans se départir de la rigueur à laquelle se doivent ceux qui informent le public, décrivent et décryptent le monde dans lequel nous vivons, il savait toujours s’impliquer pour défendre les droits des gens et décrire les réalités de notre société. Le grand reporter n’oubliait pas l’importance de l’information locale.

Journaliste solidaire
Sa stature apparaissait aussi bien dans une manifestation du mouvement social, une marche des sans-papiers vers le centre de rétention de Lesquin, dans les débats publics, dans les réunions d’habitants, etc. Au club de la presse, qu’il a contribué à développer dès les premières années de l’association, il prenait régulièrement part aux réunions de réflexion consacrées à nos métiers, aux conférences de presse et, la liste n’est pas exhaustive, à nos initiatives en faveur de la liberté de la presse et de l’exercice de notre profession. Il était par exemple présent lors de nos mobilisations pour réclamer la libération des journalistes otages en Irak et nous a été d’un grand secours lorsque nous avons organisé une soirée de solidarité pour notre consœur Florence Aubenas, en 2006. 
Bien plus tard, en 2018, il s’est volontiers joint à l’équipe du club pour le cinquantenaire de mai 68 et notre projet « L’Utopie au pouvoir ». La vie des médias et des journalistes en 1968, dans la région, il l’a racontée avec une passion dévorante et communicative.
Militant, il savait l’être aussi pour les associations humanitaires. C’est particulièrement le cas pour ATD Quart-Monde dont il a assuré la communication et dont il a été un vice-président exigeant. On se souviendra de sa colère lorsque cette dernière a été mise à l’écart du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Juin 2018. Pascal Percq commente l'exposition des Unes de l'exposition "L'Utopie au pouvoir !" pour le cinquantenaire de mai 1968.
L’école publique et les familles précaires
S’en étonnera-t-on ? Pascal s’avérait aussi un fervent soutien de l’école publique et de son importance pour les plus démunis. Avec ATD Quart-Monde, encore, il avait publié un livre sur la question : « Quelle école pour quelle société ? Réussir l’école avec les familles en précarité ». Il s’y intéressait notamment au gâchis humain que représente l’échec scolaire ». « Un projet d’école, écrivait-il, ne peut se distinguer d’un projet de société. Pour ATD Quart Monde, qui lutte depuis plus de 50 ans contre la misère, l’échec n’est pas inéluctable. Mais la réussite scolaire de tous les enfants ne peut être envisagée que si les familles vivant dans la pauvreté sont réellement partie prenante, avec tout ce qu’elles peuvent apporter. » Ce livre associait des parents de milieux très défavorisés ou non, des enfants, jeunes, enseignants, chercheurs, pédagogues, syndicalistes. Ils s’y exprimaient pour dire comment ’’Construire ensemble l’école de la réussite de tous’’ ».

Travailleur infatigable, Pascal Percq avait rejoint le cabinet de Martine Aubry, au ministère de l’Emploi et de la Solidarité, de 1998 à 2001. C’était après avoir quitté « Nord-Éclair ». Par la suite, il avait été conseiller puis directeur de la démocratie participative et citoyenneté à la mairie de Lille.

La région, ses habitants et la mémoire
Il avait encore deux cordes essentielles à son arc : la défense de la région et de ses habitants et le travail mémoriel. Dans les deux cas, il s’était exprimé à travers plusieurs livres. Nous citerons « Les habitants aménageurs », en 1993, et « Une région pour gagner », en 1997, tous deux aux éditions de l’Aube. « L’idée même que les habitants des quartiers populaires puissent avoir leur mot à dire avec leur propre forme d’expression — et être considérés comme des « acteurs » reste incongrue dans la caste des « décideurs », écrivait-il dans le premier. (…) Pourtant, les habitants sont des aménageurs parce que ce sont eux qui inventent la ville au quotidien. »
Quant à l’aspect mémoriel, il suffit de se souvenir de son dernier coup de fil au Club de la presse. Il souhaitait organiser un débat devant nos adhérents autour du documentaire qu’il avait réalisé en 2019 avec Bruno Vouters, « Les flambeaux d’Ascq » sur le massacre perpétré en 1944 par les nazis. En 2023, avec Bruno et Rémi Vouters, il a publié « Massacres oubliés dans les Haut-de-France - 1940-1944 », aux éditions Ateliers Galeries Éditions.
Homme complet, Pascal Percq s’était fait aussi le défenseur de la presse d’opinion et s’était exprimé devant le Club de la presse en 2014. Il était alors coordinateur de la rédaction de « Témoignage Chrétien ».

Avec beaucoup de courage, il a mené son dernier combat contre la maladie. Il avait 76 ans. A Joëlle, son épouse, à ses enfants et petits enfants, à ses nombreux ami(e)s le Club de la presse transmet ses sincères condoléances.

Les funérailles de Pascal Percq auront lieu ce vendredi 9 février à 9h30 à l’Église Saint-Pierre d’Ascq (Rue Gaston Baratte à Villeneuve-d’Ascq).

Philippe ALLIENNE
Photos : Marc Dubois

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