Revue de presse du 13 octobre

Après le grand oral de la primaire :
Gauche molle, gauche dure et consensus

Après le débat entre Martine Aubry et François Hollande, hier soir sur France 2 et France Inter, les quotidiens semblent ce matin quelque peu déboussolés. Déjà, lundi dernier, au lendemain du premier tour de la primaire citoyenne, ils ne savaient trop s’il fallait annoncer un « duel » ou une « finale » entre les deux candidats (voir notre revue de presse du 10 octobre).

Avant le second tour mais après le dernier débat, la Voix du Nord de ce matin annonce que le « ton s’est durci ». « (…) pas vraiment face à face mais déjà plus côte à côte », observe Hervé Favre à propos des débatteurs. La Une de Nord Eclair évoque un « passage à l’offensive ». Mais « au final, estime Sébastien Leroy, cela a donné un débat consensuel, où les deux ont exacerbé leurs minces différences ».

Minces différences

« Minces différences ». Tout est dit. Même la formule « gauche dure » contre « gauche molle » cède le pas au consensus. Si Nord Eclair la rappelle au début de son compte-rendu. Sébastien Leroy souligne en effet l’opposition entre la « gauche forte » souhaitée par Martine Aubry et le refus d’une « gauche dure » par son concurrent corrézien. Aussitôt après, il développe ces « différences de forme plus que de fond » qui les séparent. Sur quoi portent-elles ? le cumul des mandats, qui a « couté des soutiens » à Martine, la règle d’or, à laquelle François Hollande aurait souscrit selon la maire de Lille, le contrat de génération et la proposition de François Hollande de recruter 60 000 enseignants en 5 ans. C’est sur ces différentes questions que Martine Aubry est passé à l’offensive et qui justifie le titre principal de Nord Eclair

L’attaque frontale de la candidate sur la gauche molle n’a pas échappée à Hervé Fabre, pour La Voix du Nord, qui reste bien convaincu qu’elle visait François Hollande. Pour le reste, écrit-il, « Martine Aubry a beaucoup insisté sur les « changements de position » qu’elle recense dans la campagne de son rival, à propos de la règle d’or et du déficit, des créations de postes dans l’enseignement, ou des licenciements boursiers dont Ségolène royal réclame l’interdiction ». On lira avec intérêt, toujours dans La Voix, l’article d’Olivier Berger consacré aux points de divergences sur l’économie, le social, l’Europe et la présidence. « Des divergences, mais ‘’dès lundi nous serons réunis’’ » .

La patronne vs l’homme d’Etat

En tout cas, note encore Hervé Favre, « après ces échanges d’amabilités, on a un peu de mal à imaginer l’un des deux camps se mettre au service de l’autre sans états d’âme dès dimanche soir ! ». Dans l’éditorial de Nord Eclair, Patrick Pépin insiste sur la personnalité des débatteurs et sur la forme du débat. « Peu de différences pour deux tempéraments opposés », juge-t-il. « Faute d’écart sur le contenu strictement dit, c’est bel et bien sur la personnalité de chacun et sur la forme que s’est joué vraiment le débat ».

Ainsi, pour l’éditorialiste, « la maire de Lille a joué la partie plus militante, plus patronne d’une grande formation politique. Le président du conseil général de Corrèze a continué d’affirmer une posture plus présidentielle, plus ‘’homme d’Etat’’ ». Et d’ajouter, faisant référence à l’ennemi commun des deux candidats en lice : « Pour briguer la fonction, comme Nicolas Sarkozy l’avait affirmé le concernant dès 2005, la préparation est essentielle, il ne faut penser qu’à ça. » Et nous ne dirons pas que c’est rasoir.

Bien évidemment, Liberté Hebdo a suivi attentivement le débat. Dans son éditorial à paraître dans l’édition de ce vendredi 14 octobre, Mathieu Hébert donne un avis clair, net et tranché : « Point de gauche molle ou de gauche dure. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une vraie gauche ». Voilà qui est dit. Mais nous ne résistons pas à vous conseiller également le reportage que Florence Traullé à réalisé au « Toucouleur », ce restaurant sénégalais de Lille où l’on pouvait assister à la retransmission du débat sur écran plasma.

D’accord, les consommateurs-électeurs étaient tous –ou presque- acquis à la cause de la candidate lilloise. Mais ils ont visiblement rigolé tout en regrettant l’absence de différences marquante et le consensus « Chacun est arrivé avec ses convictions et… reparti avec », conclu notre consœur. Bref, autant lire demain Liberté Hebdo car, finalement, « gauche molle » ou « gauche dure », est-ce bien la question ?

Philippe Allienne


 

 

 

La Vie du Club

ESPACE PRESSE