Si dimanche soir, à l’heure du bouclage des quotidiens, les résultats complets des primaires citoyennes n’étaient pas connus, les titres annoncent ce matin la victoire de la participation. Dans le Nord, peut-on lire sur lavoixdu nord.fr, le premier secrétaire socialiste, Gille Pargneaux, « tablait sur un minimum de 40 000 votants. Au final, on approche plutôt des 100 000 ».
Avec, selon les résultats provisoires nationaux, 39% des suffrages pour François Hollande et 31% pour Martine Aubry, Nord Eclair et La Voix du Nord (éditions papier) titrent tous deux sur un « duel » ou une « finale » qui s’annonce serré. Toujours en Une, La Voix écrit qu’ Arnaud Montebourg (17,3%) « sera le grand arbitre de ce duel ». Nord Eclair insiste plutôt sur la « défaite cuisante » de Ségolène Royal.
L’un et l’autre consacrent entre cinq et six pages à l’événement. La Voix retient que, dans le Nord, Martine Aubry arrive en tête dans son fief (58% à Tourcoing, 55% à Maubeuge… mais 35,8% à Dunkerque où François Hollande la devance avec 42,3%). Dans le Pas-de-Calais, François Hollande apparaît moins distancé. Ce dernier a réalisé 42% à Lens où Martine Aubry fait cependant « mieux que résister avec 37,94% ».
« La semaine de tous les dangers »
Dans son éditorial, ce lundi matin, Patrick Pépin (Nord-Eclair) parle d’un « résultat de la participation (…) clair, net, sans bavure ». En soulignant que les sondages se sont peu trompés, il relève au moins deux surprises de ce premier tour : « l’effondrement de Ségolène Royal » qu’il présente comme une « victime collatérale des difficultés du quinquennat en cours », et, seconde surprise, « le très beau succès d’Arnaud Montebourg parti au combat avec un déficit de notoriété ». « Reste, ajoute-t-il, que les sociaux-démocrates sont toujours largement majoritaires dans l’électorat de gauche » (« près de 75% de ceux qui ont choisi de se prononcer »). Et l’éditorialiste de conclure que « la semaine qui commence est celle de tous les dangers. » Il s’interroge en effet sur l’attitude que vont adopter les deux candidats en lice. Vont-ils savoir « se départager sans coups bas et sans phrases assassines » ? Il s’interroge enfin sur la poursuite ou non de la dynamique qui a été crée lors du premier tour. »
Pour La voix du Nord, Hervé Favre commente la victoire de cette primaire qui ne « fut pas lancée sans résistance ni critiques acerbes au sein même du parti » socialiste. Il rappelle que « Déposséder le militant du pouvoir exclusif de choisir son candidat à la reine des élections n’allait pas de soi. L’ironie du sort veut que ce soient les deux candidats les moins enthousiastes au départ qui ont bénéficié de cette première expérience alors que la « démocratie participative » si chère à Ségolène Royal l’a sèchement éliminée du jeu ». En tout cas, constate Hervé Favre, « A droite, la méthode [des primaires] fait de nouveaux convertis chaque jour, à commencer par François Fillon qui pense déjà à 2007 et à la concurrence de Jean-François Coppé ! »
Evidemment, ces résultats et les discussions entre les candidats avant le second tour seront largement commentés par vos journaux durant cette semaine. A commencer par les résultats complets dans les éditions de ce mardi. Et si les préparatifs du premier tour ont fait l’objet de nombreux reportages, interviews et indications pratiques ce week-end (comme le rappelle la Voix de samedi), l’actualité mérite également que l’on s’arrête sur quelques autres faits marquants.
Jeudi dernier, Le Nouvel Observateur a publié un cahier spécial de 15 pages recensant les « 65 qui comptent à Lille ». Au centre de ces personnalités : Martine Aubry et celles et ceux qui la soutiennent et/ou l’estiment (de Bruno Bonduelle à Pierre Mathiot, le directeur de Sciences Po Lille, en passant par Me Dupont-Moretti) et, moins nombreux semble-t-il, ses détracteurs : Marc-Philippe Daubresse, le maire de Lambersart et patron de la droite lilloise qui dénonce « la tsarine »), Jean-Pierre Guillon, le patron du Medef local, sans oublier les socialistes Bernard Roman, qui serait toujours rancunier selon le Nouvel Obs, ou Daniel Percheron et Michel Delebarre qui soutiennent François Hollande. Un dossier signé Cécile Dubois.
La grève des contrôleurs
Sinon, les quotidiens régionaux de samedi reviennent sur la grève des contrôleurs qui a perturbé le trafic ferroviaire jeudi et sur la polémique qui a suivi. Laurent Decotte, pour La Voix, a recueilli l’opinion de Bruno Wallard, responsable régional CGT chez les contrôleurs, et de Gérard Dupagny, président de l’association d’usagers « A fond de train ». « Etes-vous pour ou contre le « dépôt de sac » qui a de manière inopinée quasiment paralysé le réseau SNCF dans toute la France ? » leur a-t-il demandé. Sans surprise, le premier est pour en rappelant que la CGT « tire la sonnette d’alarme sur cette question de la sûreté depuis des années et que la direction ne fait pas le maximum en termes de moyens pour nous protéger ».
S’il se montre compréhensif en admettant l’émotion et le mouvement après l’agression du contrôleur, Gérard Dupagny « trouve inadmissible que le mouvement se soit poursuivi » au-delà de jeudi. Il aurait d’ailleurs préféré que, jeudi, « tous les trains s’arrêtent une heure ou deux », de manière symbolique. « Il faut aussi arrêter le couplet, s’énerve-t-il, « on s’en prend toujours à nous les contrôleurs » . « Quand les chauffeurs de taxi ou de bus se font agresser, ils ne pénalisent pas à ce point les usagers ».
Christelle Jeudy, dans Nord Eclair, a interrogé les syndicalistes de la CGT et de Sud rail sur leurs intentions : Bruno Wallard répond qu’il « faut obliger le direction nationale à sortir de son silence » et qu’un « cahier revendicatif va se construire entre les usagers et les cheminots ». Vincent Holle (Sud Rail) note qu’une « grève de la pince » a débuté dans la région malgré la reprise du trafic et insiste sur les moyens réclamés, à savoir « la hausse des effectifs des contrôleurs , de la police ferroviaire et une meilleure formation ».
Extrême droite et contre-manif
Annoncée depuis plusieurs semaines, les manifestations des extrémistes nationalistes et des anti-fascistes, suite à l’initiative de la Maison Flamande de Lambersart qui réunissait les nationalistes, ont bien eu lieu samedi après-midi à Lille. Elle se sont déroulées dans le plus grand calme. Les autorités avaient tout fait pour que les deux cortèges ne se rejoignent pas. Mais, contrairement à ce qu’écrivait Le Figaro sur son site samedi en fin d’après-midi, les participations n’étaient pas égales. La
Voix du Nord, sous la plume d’Olivier Berger, parle de 500 extrémistes nationalistes représentants les mouvements d’extrême droite venus de la région, Paris, Besançon et de Belgique. « La consigne était de marcher au calme », écrit Olivier Berger. Aussi, pas de bras levé par inadvertance. Mais au moins un vieux slogan mussolinien : « Europe, jeunesse, révolution ». Parti de Lille, ce cortège est arrivé à Fives, sur une place qui « n’a jamais été aussi vide ». La place Degeyter !
La contre-manif, qui a défilé avant entre Wazemmes et la place de la République a réuni plus de 1500 personnes, estime la Voix (plus de 2500 selon les organisateurs). Si la tension était palpable, il n’y a eu aucun incident. On y voyait de nombreux militants du CNT, mais aussi du parti communiste, de la CGT59, de Sud, de la Ligue des Droits de l’homme…, précise Nord Eclair. Le journaliste rapporte que la LDH a regretté que des tracts parlent d’anti-capitalisme. « Je refuse toute politisation, assure Guy Fournier (LDH de Tourcoing), c’est plus large que ça ». Tiens donc.
Prostitution au Carlton !..
Samedi, La Une de Nord Eclair retenait particulièrement l’attention avec un très gros titre, au-dessus d’une photo de l’hôtel lillois Carlton : « Proxénétisme présumé au Carlton : une bombe ? ». Bruno Renoul et Morad Belkadi reviennent sur cette affaire, révélée la semaine dernière, où le directeur des relations publiques du Carlton a été écroué avant la mise en examen du directeur. Deux hôtels sont concernés à Lille, le Carlton et l’Hôtel des Tours. Une information judiciaire a été ouverte le 28 mars du chef de proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment.
Tout aurait commencé par des liens entre les deux hôtels lillois et des bars belges où étaient organisées des « virées ». Par la suite, des prostituées auraient été amenées dans les hôtels. Parallèlement à ces mises en examen, l’entrepreneur français Dominique Alderweireld, qui dirige plusieurs bars en Belgique, a été arrêté à Tournai, sans lien direct avec le dossier lillois.
Nord Eclair s’interroge sur l’implication de policiers lillois qui auraient eu connaissance d’une activité de prostitution au Carlton.
« Comme dans l’affaire Neyret, écrit Bruno Renoul, cela pose la question du lien des policiers avec les milieux dans lesquels ils baignent. »
…et chez les étudiants
A noter que, et cela n’a rien à voir, le mensuel Nordway, dans son numéro d’octobre, publie une enquête sur la prostitution étudiante. Jérôme Narcy a notamment recueilli des témoignages d’étudiant(e)s ou lycéen(ne)s . Certains n’hésitent pas à franchir la frontière pour se prostituer, en Belgique, dans un environnement plus propice. La prostitution comme recours à la précarité ? Pas sûr du tout : « L’argent de la prostitution est un leurre, dit une personne interrogée. Il brûle les doigts, on dépense trop, sans cesse, pour soi, pour les autres, pour faire la fête, pour s’oublier. » Sans parler des conséquences psychologiques, comme en témoigne ce jeune lycéen escort-boy : « Je ne pourrais plus avoir de sentiments », confie-t-il.
Philippe Allienne