- Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, lors de leur arrivée à l’aéroport de Villacoublay
Les deux journalistes ont été conduits à la base militaire française de Tagab où ils sont arrivés mercredi à 17 heures locales (14h30 heure à Paris). C’est là, lorsqu’ils ont été accueillis par les soldats français, qu’ils ont compris qu’ils étaient tirés d’affaire. « Tant que nous n’avions pas les deux pieds dans la base, confie Hervé Ghesquière, tout était encore possible. On nous l’a d’ailleurs confirmé ». Un signe d’espoir, indiquant qu’ ils « tenaient le bon bout » leur avait été donné, raconte Hervé : « Nos ravisseurs nous ont fait porter un habit immaculé blanc juste avant de nous diriger vers la base. Or, depuis quinze mois, ils nous avaient annoncé qu’ils nous donneraient ce vêtement -le blanc, c’est la couleur des talibans- pour notre libération. C’est un code, un rituel qui leur appartient. On s’est dit, là, normalement, ça devrait être bon ! »
De Tagab, ils ont été emmenés à l’ambassade de France de Kaboul. « Les ambassades, c’est pas vraiment mon truc. Mais l’ambassade de France à Kaboul, c’était devenu un rêve ! » s’exclame le journaliste. La fin d’une attente interminable. « Un prisonnier décompte les jours qui le séparent de la fin de sa peine, explique Stéphane Taponier. Mais nous ne savions pas quand nous partirions ». Les deux hommes assurent n’avoir jamais perdu l’espoir. Même lorsqu’il y a eu « quelques petits problèmes de santé ». « Nous avions un moral d’acier, dit encore Hervé. Stéphane est un mec très costaud. Moi, je crois que ça va. Il fallait être super costaud et bien structurés sur le temps. Il n’était pas question de sombrer dans l’ennui et dans le désespoir ».
Enfermés 23 h 45 sur 24 h
Tous deux sont bien conscients que plusieurs occasions de libération ont été manquées. Ils assurent également n’avoir été ni menacés ni maltraités. Ils n’ont pas été attachés. Reste que les conditions de vie n’étaient pas faciles. « Nous étions enfermés 23h45 sur 24 », précise Hervé. Et quand Stéphane plaisante sur la cuisine qui « était trop bonne », son compagnon, dont on sait qu’il est plutôt bon vivant, précise : « Nous n’avions pas une nourriture spéciale otages, mais une nourriture montagne afghane. » Entendons : peu copieuse et peu goûteuse. « C’est bête à dire, mais on ne pouvait pas se raccrocher à la nourriture ».
S’ils ont pu être aidés par leur traducteur afghan, Reza, ils ont été séparés durant huit mois, du 14 avril au 13 décembre 2010. Durant cette période, Hervé Ghesquière pouvait écouter la BBC. Or, celle-ci a pour principe de ne pas parler des otages tant qu’ils sont retenus. Il n’a donc rien su de la mobilisation, en France, jusqu’au jour où Stéphane Taponier, qui recevait RFI a pu lui annoncer que leur sort était médiatisé et qu’il existait une mobilisation très active. « J’ai appris qu’il y avait eu un concert au Zénith ! C’est dingue ! Si nous étions restés davantage, peut-être aurions-nous eu le Stade de France », s’amuse Hervé.
Ils le confirment tous deux, cette mobilisation leur a fait chaud au cœur. « Mais il y a d’autres otages dans le monde, dit-il. J’ai une pensée très émue pour eux et pour ceux qui ont été abattus ». Cela a été le cas pour une journaliste britannique et pour Michel Germaneau pour le sort de qui la discrétion avait été totalement respectée.
Philippe Allienne
LIBRES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Enfin
Ils sont libres ! Tombée ce mercredi après-midi, alors que de nombreux rassemblements de soutien étaient en cours dans plusieurs villes de France, la bonne nouvelle en a surpris plus d’un. Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier venaient d’être libérés par leurs ravisseurs talibans après 547 jours de détention. La famille, les proches, le comité et les organisations qui les ont soutenus durant un an et demi ont aussitôt manifesté leur joie. A Lille, le Club de la presse du Nord - Pas de Calais a procédé au décrochage du portrait de nos confrères. La ville de Lille en a fait autant peu après.
Le club de la presse remercie toutes celles et tous ceux qui, artistes, écrivains, journalistes, les très nombreux anonymes, se sont mobilisés, ont répondu à nos appels et ont soutenu notre action de sensibilisation durant de si longs mois.
Dès 17 heures, ce mercredi 29 juin, de nombreux journalistes, membres et sympathisants du club de la presse se rassemblaient devant le siège de l’association pour assister au décrochage du portrait d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Parmi eux : Olivier Henno, maire de Saint-André et ami d’Hervé Ghesquière, et Pierre de Saintignon, vice président du Conseil régional et Premier adjoint au maire de Lille qui, pour la circonstance, avait quitté une réunion dès qu’il a appris la nouvelle de la libération.
Plus tard, la même opération de décrochage s’est déroulée devant la mairie de Lille. "Prendre des journalistes en otages, c’est toucher à la démocratie, c’est porter atteinte à la liberté de la presse" a déclaré en substance Pierre de Saintignon. Ce dernier a exprimé sa satisfaction de faire tomber la banderole de soutien après un dénouement aussi heureux.
Le président du Club, Mathieu Hébert a lui aussi exprimé sa joie. "A présent, a-t-il dit, nous écouterons attentivement ce que va dire le président de la République, nous serons attentifs à son discours sur la presse et sur les journalistes".
Les propos mettant en cause le sérieux et le professionnalisme de nos confrères, au plus haut niveau de l’Etat et juste après leur enlèvement, resteront gravés. Nous sommes impatients, pour l’instant, d’écouter Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Ils étaient attendus ce matin à Villacoublay, vers 8h30.
En attendant, la mobilisation destinée à sensibiliser le public et à maintenir la pression pour obtenir la libération de nos confrères et de leurs trois accompagnateurs n’aura pas été vaine. Mme Taponier, la mère de Stéphane, n’a pas manqué de dire, lors du 20 Heures de France 2, que les journalistes avaient pu entendre la réalité de cette mobilisation grâce à RFI.
Deux des accompagnateurs avaient été libérés deux semaines auparavant. La nouvelle n’avait pas été rendue publique pour des raisons de sécurité. Le traducteur a quant a lui été libéré avec Stéphane et Hervé. Tous sont en bonne santé et semblent n’avoir pas subi de mauvais traitement.
Selon le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, aucune rançon n’aurait été versée aux ravisseurs. Mais dans le cas contraire, la raison d’Etat lui imposerait le silence, a-t-il sous-entendu. On sait au moins que les ravisseurs étaient bien membres d’un groupe taliban et qu’ils avaient revu leurs prétentions à la baisse.
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